Nous n’appliquerons pas l’article 4 de la loi du 23 février 2005 stipulant que « les programmes scolaires reconnaissent le rôle positif » de la colonisation.
Les députés de la majorité ont refusé le 29 novembre d’abroger cet article. Ce qui avait été adopté par une assemblée quasi déserte, en catimini, vient d’être confirmé en toute connaissance de cause. La pétition des historiens contre la loi, publiée par Le Monde du 21 mars, a été à l’origine d’un mouvement de protestation représentatif de la majorité des enseignants et des chercheurs. La demande d’abrogation a été faite aussi par l’Association des professeurs d’Histoire et Géographie, par les syndicats enseignants, par les associations telles que la LDH et la LEFP. La presse s’en est fait l’écho et a ouvert un débat depuis plusieurs mois. Le gouvernement, en particulier son ministre de l’Education nationale, qui affirme que les programmes demeurent inchangés, le Président de la République, qui parle de « grosse connerie », mesurent la gravité de la situation ainsi créée, le gâchis qu’ils ont laissé devenir insoluble :
- - Une loi qui ne peut être appliquée, mais dont on ne peut obtenir l’abrogation.
- - Une loi qui compromet le traité franco-algérien de paix et d’amitié en préparation, alors que des liens étroits et anciens associent les deux sociétés
- - Une loi privant de tout passé des millions d’habitants de ce pays, nationaux ou étrangers, qui ne se reconnaissent pas dans cette falsification de l’histoire
- - Une loi qui impose une histoire officielle et nie la liberté des enseignants, le respect des élèves. Cette loi permettra, à l’évidence, à des groupes de pression d’intervenir contre les manuels scolaires et les enseignants qu’ils jugeraient non conformes à l’article 4.
Cette loi, imposée par des groupes de pression nostalgiques du colonialisme et revanchards, nourris d’une culture d’extrême droite, est une loi de régression culturelle en ce début de 21° siècle où toutes les sociétés doivent relever le défi de leur mondialisation, assumer leur pluralité, qui est une richesse.
Cette loi discrédite et ridiculise l’image de la société française à l’étranger et le communautarisme chauvin qui l’inspire ne peut que favoriser des réactions de rejet. Présente dans le droit français, elle reste une menace pour l’avenir : si le gouvernement actuel promet d’en limiter la portée, qu’en sera-t-il de ses successeurs ?
Universitaires, chercheurs, enseignants, nous n’appliquerons pas cette loi scélérate et continuons d’en demander l’abrogation de son article 4.
Nous demandons aux institutions universitaires, aux IUFM, aux associations professionnelles, aux syndicats d’enseignants, aux parents d’élèves d’organiser un vaste mouvement de protestation.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire