Dans cette nouvelle vidéo, le CVUH vous propose de poursuivre l'exploration des trajectoires des deux historiennes et notamment de découvrir en quoi la guerre d'indépendance algérienne joua un rôle dans leur engagement.
jeudi 18 février 2016
mercredi 3 février 2016
Billet d'humeur : Des usages personnels de l'histoire et de la pratique des préfaces
Je voudrais parler ici non pas des usages de l’histoire,
mais de l’utilisation de l’histoire et de son appropriation à des fins
personnelles - qu’il s’agisse de visées carriéristes ou narcissiques, ou peut-être
simplement lucratives.
Il existe des sujets d’histoire devenus de véritables
chasses gardées. Sur certains terrains au périmètre d’ailleurs extensif, aucun
ouvrage ne peut plus paraître sans la préface du gardien/de la gardienne du
champ. Il ne s’agit pas ici de préfaces justifiées, lesquelles existent, mais des
préfaces expédiées en un recto-verso bricolé sur un coin de table, et qui sont fortement
recommandées par la maison d’édition de peur que l’auteur(e) ne fasse les frais
de ce que nos collègues américains appellent « character
assassination ». On retrouve ces mêmes gardien(e)s du champ dans les
colloques qu’ils/elles président et où ils sont invité(e)s pour, comme on dit
en voix off, les « neutraliser ». On voit des commissaires
d’exposition historique tétanisés à l’idée de heurter le grand prêtre ou la
grande prêtresse, des documentaristes obligés de recourir à la parole dite
d’autorité.
Nous connaissons tous ces abus de pouvoir caractérisés,
mais nous les considérons avec fatalisme et nous nous taisons. Nous nous
taisons de peur d’être accusés d’attaques ad
hominem par ces gens qui ne font pas, parce que cela les arrange, la
différence entre critiquer leurs pratiques professionnelles et les attaques ad personam. Les mêmes n’hésitent pas en
revanche à citer plus puissants qu’eux et à se congratuler mutuellement de la façon
parfois la plus indécente à tel point que nous sommes gênés pour eux lorsque
nous assistons à leurs ébats publics.
Ces gardien(ne)s du champ ne sont généralement pas membres
du CVUH. Il serait bon cependant que le CVUH, attaché au pluralisme, rappelle
quelques principes éthiques dont le principal : l’histoire n’appartient à
aucun(e) historien(ne), mais à tous ceux qui ont ambition de l’écrire en
observant les règles méthodologiques de la discipline et en toute indépendance.
Sonia Combe
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