Ce texte a été publié
dans la revue Témoigner entre histoire et
mémoire, revue de la Fondation Auschwitz de Belgique, n°108, septembre
2010, dossier « Témoins et historiens à l’épreuve de l’écriture
filmique ». Il est reproduit ici avec l’autorisation de la
revue.
« La
Résistance », docu-fiction diffusé en prime
time à l’automne 2008, semble avoir définitivement légitimé le genre. En
atteste sa réception auprès de la presse, dont les critiques n’ont pratiquement
pas porté sur la forme, et auprès du public puisque ce docu-fiction qui
appartient au genre du documentaire historique généralement relégué aux cases
horaires plus tardives, aurait, selon les estimations de l’audimat, avec ses
4,5 millions de téléspectateurs, devancé « Jurassic Park » de Steven
Spielberg (4,4 millions) et l’émission de Mireille Dumas « Vie privée, vie
publique » (3,5 millions) au programme de la même soirée.
Cette
performance tient au fait que le réalisateur à l’origine du projet, Christoph
Nick, a su s’adjoindre les compétences nécessaires et bénéficier d’un budget
plus que conséquent (6 millions d’euros). C’est là le fruit de la collaboration
de deux chaînes du service public, France 2 et France 5. Composé de
documentaires-fictions (2 fois 90 minutes) produits par France 2 et de documentaires
(4 fois 52 minute) produits par France 5, « La Résistance » a mobilisé
en tout 3 réalisateurs, 110 comédiens, 1500 figurants, 2 documentalistes et 10
historiens. Sans compter quelques « aimables participations » dont
les bénéfices secondaires peuvent être gratifiants en termes d’image et, last but not least, le patronage de
Simone Veil. On avait donc à faire à un travail doublement accrédité, à la fois
par un témoin doté d’un fort capital symbolique et par les savants.