mardi 24 mars 2009

Compte rendu de l’Assemblée générale du CVUH du 17 janvier 2009


Assemblée Générale CVUH du 17 janvier 2009





Présents : 22 présents
Rapport moral : Gérard Noiriel
On peut se féliciter du développement et des échos du CVUH, y compris des prémices au niveau européen. Les multiples rencontres (librairies, conférences-débats) témoignent à la fois d’une demande sociale et de la pertinence de la démarche que nous avons impulsée. On constate de nombreuses sollicitations de journalistes : toutes les semaines ou presque il y a quelque chose ; c’est quasiment devenu un réflexe de nous consulter.
De nombreux partenariats ont été tissés, même avec des gens qui ne sont pas des historiens.
Importance du site : attention à ce que le CVUH reste bien centré sur ses finalités. La liste peut être un moyen de diffusion d’informations afférentes, mais pas le site qui doit témoigner des objectifs du CVUH. Le site reste bien fréquenté ; une moyenne de 300 visites par jour avec des pics en cas de « moment médiatique ».
Par rapport aux membres historiens, on constate néanmoins une sous-représentation des XXèmistes : inégalité dans la répartition des membres.
Il faut peut-être poursuivre le travail de communication et tenter d’attirer plus de collègues.

Bilan financier :
Thomas Loué : absent, mais les documents ont été envoyés.

Solde positif ; nous fonctionnons essentiellement avec les adhésions et le produit des ventes de la collection Passé/Présent chez Agone.
Mais n’avons aucune subvention.
Les droits d’auteur 2008 Agone seront reversées vers mars sur le compte : à peu près 6500 euros
Ventes 2008 : 
. Identité nationale : 2447 
. Sarkozy : 3415

Nous prévoyons la reconfiguration du site : coût : 2000 euros (1000 euros de salaire + charges sociales)
Ouvrir un livret A : peut-être acheter des obligations ?
Il avait été envisagé la possibilité de louer un local à Ivry avec d’autres associations. Le projet est discuté mais nous avons une proposition d’hébergement à l’Emancipation syndicale Paris 11e. A creuser, cela nous demandera une participation mais vraisemblablement faible. Nous disposerions d’un local pour nos réunions, et éventuellement nos débats.

Bilan : 146 adhérents dont moins de 50% ont payé, à jour pour 2008.
Par rapport à la liste qui figure sur le site, quelques adhérents n’ont jamais renouvelé leur adhésion . Il faut faire un courrier pour renouveler l’adhésion. Les statuts de l’association précisent que peut adhérer au CVUH soit un historien et/ou enseignant, soit quelqu’un qui a un travail lié à l’histoire. Il faudrait l’indiquer plus clairement sur le site, dans la rubrique adhésion. On pourrait aussi le faire apparaître dans la page Wikipedia consacrée au CVUH.

Jean-Pierre Chrétien : le texte de Liberté pour l’histoire est signé par des gens qui ne sont pas du tout historiens, d’où un possible problème de crédibilité.
Laurence : problème des adresses à mettre à jour. G. Noiriel propose de payer quelqu’un pour faire une remise à jour des fichiers.
Rapport moral Vote 22 présents, 20 pour ; 2 ne prennent pas part au vote (arrivés après la présentation)
Bilan financier : 22 présents 21 pour ; 1 ne prend pas par au vote (idem)

Renouvellement des membres du bureau :
Sortant : Président Gérard Noiriel : vice-président M. Riot-Sarcey ; vice-président Nicolas Offenstadt ; trésorier : Thomas Loué, secrétaire Olivier Le Trocquer
Liste : 
Gérard Noiriel
Michèle Riot-Sarcey
Emmanuelle Picard
Olivier La Troquer
Thomas Loué
Eric Ménard suppl
Sophie Wahnich
Catherine Coquery
Sylvie Aprile
Nicolas Offenstadt
Anne Jollet suppl

Vote à l’unanimité sur la liste du CA.
Merci de préciser, si vous étiez absents, de votre maintien ou non en tant que membre du CA.

Candidatures pour le bureau : 
Gérard Noiriel rappelle la nécessité de faire tourner les responsabilités et de ne pas rabattre le collectif sur des noms.
Mais il faut rappeler les noms des membres fondateurs sur le site : Gérard Noiriel, Nicolas Offenstadt, Michèle Riot-Sarcey

Election du bureau : Thomas loué trésorier
Olivier Le trocquer secrétaire
Vice-présidence 1 : Michèle Riot-Sarcey
Vice-présidence 2 : Laurence de Cock
Président : Catherine Coquery-Vidrovitch

Vote des 6 membres présents du CA :
Vote sur le président par le bureau : 3 votants présents
le président sortant doit devenir membre du bureau de droit (statuts de l’association à modifier)

Activités et fonctionnement du CVUH :
La liste de diffusion doit être utilisée à bon escient : pour développer un argumentaire, donner des infos.
C’est une liste de diffusion interne, donc pas de modérateur. Nous retenons l’idée d’annoncer explicitement en objet de quoi il est question ainsi que la nature de l’intervention (infos/débats)

Jean-Pierre Chrétien : bon débat sur le film La fuite à Varennes.
Par contre, nous nous demandons si le texte de Nouschi avait sa place sur la liste. Débat non tranché. C. Coquery : c’est un coup de gueule d’un historien.
Laurence : pas sa place sur le site, mais sur la liste de diffusion OK de la part d’un membre.

Le site : prévoir une réunion spécifique sur la question de la reconfiguration (choix du logo à régler très vite)
Comité de lecture des textes sur le site : Laurence, Michèle, Gérard, Catherine
Mettre une boite aux lettres sur le site : pour que les gens puissent proposer des textes (proposition de Olivier).
Mars 2008 : le colloque SNES/CVUH sur l’enseignement des questions socialement vives a été publié par les éditions ADAPT. Le lien est sur le site du CVUH
Il y a eu de très nombreuses interventions publiques multiformes (medias, présentations en librairie, fêtes LO, fêtes de l’huma …) : il serait bien d’envoyer dans ce cas un message à Guillaume pour que ce soit annoncé sur le site guillaume.garel@wanadoo.fr dans la rubrique « échos du CVUH »
Agone : deux publications, collection Passé/Présent prend plus de place : livre de Catherine Coquery Les enjeux politiques de l’histoire coloniale et celui d’Emmanuelle Picard et Laurence De Cock, La fabrique scolaire de l’histoire, sont annoncés respectivement pour avril et octobre 2009.
Nous avons également l’idée de compiler certains des textes présents sur le site pour en faire un ouvrage. Nous n’avons en effet pas de livre qui nous présente et ce serait utile. Il faudrait y ajouter une introduction.
Philippe insiste sur les problèmes de calendrier : proposer à l’automne à l’éditeur en septembre, catalogue fait en octobre (il faut qu’il ait une partie en main pour qu’il annonce). Donc le livre doit être très avancé à la rentrée. Nous décidons de la constitution d’un groupe de travail à constituer pour travailler sur le futur livre sur le CVUH : co-direction par les 3 présidentes, élargissement à tout le bureau.
Puis discussion collective.

Projet d’article pour la revue Ecrire l’histoire : numéro thématique « Morale et histoire » échéance 2010 : dirigée par Nathalie Richard. Michèle propose de travailler le thème « éthique et histoire ». cet article serait un bon tremplin pour formaliser une introduction au livre en projet sur le CVUH
Les journées :
4 avril : journée sur les enjeux mémorielles en Europe. Trouver une salle à la Sorbonne par Pierre Serna.
Responsables : Sylvie Aprile / Anne Jollet

25 avril : journée de Montpellier, interventions sur différents thèmes afférents aux « usages publics de l’histoire » 
Responsable : Pierre Schill. Programme à venir.

13 et 16 mai : journées Marseille : « quartiers de mémoires », histoires et mémoires des immigrations marseillaises. Le CVUH prendra en charge les déplacement des intervenants suivants : Gérard Noiriel, Benoît Falaize, Laurence De Cock.
Essaimage international : en Suisse ? voir existence d’associations proches (Charles Heimberg et Mari-Carmen Rodriguez s’en chargent ; peut-être prévoir une journée ?
Charles Heimberg suggère de travailler les différences d’approche sur les lois mémorielles en Europe
Gérard Noiriel confirme, « liberté pour l’histoire » axe sur l’Europe. Il faut que nous soyons compétents sur ce qui se passe à l’étranger. Nous pourrions nous-même traduire en anglais au moins quelques passages de nos interventions sur cette question.
Il faut également faire le point sur ce que se passe ailleurs.

L’après-midi de cette AG a été consacrée à la table ronde (voir précédent CR de réunion). Les interventions seront mises en ligne.

mardi 3 mars 2009

Guadeloupe, Europe : l’État-nation en débat par Suzanne Citron


Dans Le Monde du 8-9 février Daniel Roche et Christophe Charle, commentant un projet de musée d’histoire de France, suggéraient que « l’histoire de la nation » avait besoin d’un « forum » plutôt que d’un sarcophage. La situation en Guadeloupe, la dimension post coloniale des problèmes en témoignent dramatiquement.
Oui, face à une vision du passé, simplificatrice et anachronique, qui, de fait, occulte l’histoire des Antilles, nous avons besoin d’un grand forum, d’un grand débat, historien certes, mais aussi citoyen, politique, médiatique, un large débat sans tabou ni frontières. Quels regards les Françaises et les Français portent-ils sur l’histoire, comment élucider en ce nouveau siècle l’objet « France » dans son extension d’outre-mer comme dans son appartenance à l’Europe, inséparable du devenir de l’humanité entière ? L’histoire n’est pas un monument figé, chaque époque regarde le passé avec les outils intellectuels dont elle dispose, à partir des questionnements qui sont les siens. Les Français découvriraient que l’histoire — et donc la perception de l’identité collective — est en perpétuel réaménagement. Ils apprendraient comment, avec quels matériaux, des histoires « nationales » — dont la nôtre— ont été fabriquées au 19ème siècle. Transmises par l’école devenue obligatoire dans une écriture plus ou moins figée, ces histoires ont, par leurs lacunes, leurs occultations ou leurs partis pris, suscité des convictions et des illusions, des résistances courageuses et des violences meurtrières. Elles entretiennent des imaginaires contradictoires. L’interminable conflit du Moyen-Orient en concrétise la dramatique confrontation.
Des initiatives ne pourraient-elles être prises, dans un cadre à définir, par des historiens, des écrivains, des cinéastes, des journalistes ? Les élections européennes pourraient en être l’occasion. Certes les impératifs du présent sont d’abord la crise financière, économique et sociale, la menace écologique, la montée implacable des inégalités. La réduction du projet européen en idéologie dogmatique de la libre concurrence ne saurait y faire face et c’est le premier sujet d’un grand débat.
Mais les migrations intercontinentales et les pulsions nationalistes et xénophobes qu’elles suscitent sont aussi une donnée à prendre en compte, tandis que le mouvement social dans les Antilles signe la crise du pacte républicain français. L’espace public européen s’enrichirait d’un questionnement sur les processus historiques qui ont progressivement, depuis les révolutions américaine et française, généré en Europe puis dans le monde entier la conception, la forme et la multiplication des États-nations, créant parallèlement le phénomène collectif nouveau des identités nationales et de leurs revendications . Ces dernières se sont bâties sur les mythes de « peuples » primordiaux et dans l’imaginaire de nations transcendantes, sujets de récits inventés au 19ème siècle. Ces « histoires » ont été ou sont encore à la racine des nationalismes dont la résurgence ou l’émergence bloquent la réparation du présent et donc la construction d’un avenir planètaire.

Les Français contribueraient au débat en s’interrogeant sur les racines historiques de leur diversité sociale, géographique, ethnique et culturelle que n’explique pas le récit linéaire d’une France préfigurée par la Gaule et incarnée par quelques figures tutélaires.


Suzanne Citron, auteur notamment de Le Mythe national. L’histoire de France revisitée, Éd. de l’Atelier, 2008