De l’assassinat de Samuel Paty aux assignations identitaires.
Retour sur un passé décomposé.
Rencontre publique organisée par le CVUH
2 octobre 2021,
10h à 18h
Université Paris I, amphithéâtre, 9 rue Malher, 75004 Paris
En hommage à Marianne Debouzy
La décapitation de Samuel Paty par un islamiste a provoqué un choc. L’école est certes directement concernée mais l’histoire est interpellée. Les historiens se doivent d’éclairer, non l’événement en lui-même, amplement commenté, mais le symptôme du dysfonctionnement social qu’il représente.
La situation délétère de la recherche et de l’enseignement soumis aux critiques ministérielles adressées aux islamogauchistes de l’université en est un premier signe. Plus profondément les incompréhensions liées à l’usage de certains concepts, l’absence de rigueur des commentateurs, le repli identitaire ou communautaire, nous imposent de remonter le temps.
Il nous faut saisir les effets d’un processus historique complexe qui, aujourd’hui, dans plusieurs pays, fait advenir un clivage entre les populations d’un même territoire. D'autant que l’émergence d’un nouveau fascisme s’accompagne d’une accentuation des différentes formes de racisme et d’antisémitisme.
Comment en est-on arrivé là ?
Plusieurs questions se posent. Plutôt que de se diriger vers une humanité plurielle, les sociétés se séparent en collectifs opposés, rivaux. Les antagonismes sociaux semblent masqués par les oppositions de races, de culture, de religion et de genre. L’universel n’est saisissable qu’à travers ses apories.
Comme si, après des décennies d’humiliations et d’offenses, des siècles d’esclavage et de colonisation des sociétés modernes – elles-mêmes vouées au culte de la marchandise –, l’affirmation de soi, quel que soit le référent – tradition, religion, culture, nation, souveraineté, laïcité, genre –, était l’unique moyen à la disposition de tous et de chacune. Les rapports humains sont désormais profondément marqués par le ressentiment.
La traite comme l’esclavage ont laissé des traces indélébiles et la colonisation a eu des effets sur plusieurs générations. Le savoir ne suffit pas. Ouvrir l’enseignement de l’histoire aux antagonismes d’hier sans la moindre omission est le plus court chemin vers la quête d'une vérité passée. Nous éviterions ainsi l'instrumentalisation d'une histoire conflictuelle au gré des causes à défendre ou à imposer.
Cette journée n’est qu’une contribution. Nous espérons qu’elle sera suivie d’autres rencontres en réunissant professeurs et étudiants : du collège à l’université. C’est d’eux et de toutes celles qui aujourd'hui s'interrogent sur le devenir des sociétés dont dépend la formation à venir. Leur réflexion critique autant que leurs expériences doivent être entendues.
Le CVUH se fera l’écho de la discussion. Nous avons délibérément laissé du temps aux échanges au cours de cette journée.
PROGRAMME
Matinée
10h-10h15
Accueil des participants
10h15
Nelcya Delanoë (historienne, membre du CVUH)
Marianne Debouzy
10h20
Michèle Riot-Sarcey (historienne, membre du CVUH)
Présentation du CVUH et de la journée
10h30-11h
Sophie Bessis (écrivaine et historienne), introduction
« Entre instrumentalisations de l’universel et réclusions identitaires, comment se libérer des héritages pour ouvrir des avenirs communs ? »
11h-11h30
Monique David Ménard (philosophe et psychanalyste)
« L’universel et le particulier, une opposition chaque fois singulière »
11h30-12h30
Discussion
Pause - 12h30-14h
Après-midi
14h15-15h
Ibrahima Seck et Eric Mesnard (historiens)
« Ne pas être "esclave de l’esclavage… Le nègre n’est pas. Pas plus que le Blanc" » (F. Fanon)
15h-15h30
Nedjib sidi Moussa (historien)
Pause 15h30-15h45
15h45-16h15
Claudia Moatti (historienne), sous forme de conclusion
« La question déplacée, ou le modèle américain de la censure en question »
16h15-18h
Discussion
*
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