Comme si cela ne suffisait pas d’apprendre aujourd’hui que le président
Macron rend hommage à Pétain, nous vient en ce 6 novembre l’annonce par le
sous-directeur de la communication et de la valorisation des archives, service interministériel
des archives de France, de la disparition de Brigitte Lainé, archiviste
diplômée de l’École des Chartes. Sa carrière, jusqu’à sa retraite, en 2008, aux
Archives de Paris a été brièvement évoquée.
On rappellera ici ce qui a été tu :
Brigitte Lainé et son collègue Philippe Grand ont été placardisés jusqu’à
leur retraite après avoir témoigné au procès en diffamation intenté en 1999 par
Maurice Papon à Jean-Luc Einaudi pour avoir parlé
dans un article du Monde du
« massacre des Algériens perpétré le 17 octobre 1961 par la police aux
ordres de Maurice Papon ». C’est en leur qualité de conservateurs de
documents non communicables de par la loi
jusqu’en 2021 que Brigitte Lainé et Philippe Grand sont venus à la barre
corroborer les propos de Jean-Luc Einaudi auquel la communication des documents
avait été refusée.
Sans leur courage civique, Papon aurait pu gagner son procès.
Tous deux ont payé le prix fort. Interdiction d’être désormais en
contact avec le public dans leur centre d’archives, non-convocation
aux réunions de service, traitement de fonds retiré etc. Un temps circula une
pétition des conservateurs généraux d’archives pour demander une sanction plus
lourde.
C’est un hommage à cet acte,
omis par le service interministériel des archives de France, que nous autres, historiens, devons rendre à
Brigitte Lainé.
Sonia Combe
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire