Par Éric AUNOBLE[1]
Y’a aussi un
intellectuel qui est venu chez nous. Il avait promis d’écrire notre vérité dans
des articles pour l’étranger. Et dès qu'il s'installe sur le chariot, il
s'endort. Ça bouffe, ça boit, mais ça ne va pas au combat. Et au niveau
écriture, il n’y a rien qui sort. On a fini par y taper dessus et il a disparu
dieu sait où.
Parole de
soldat rapportée par Sofia Fedortchenko, Le Peuple à la guerre, 1917[2].
L’anniversaire de la chute de Viktor Ianoukovitch a montré
combien le débat d’idées sur la question ukrainienne était clivé en France. Le
dimanche 22 février, Bernard-Henri Lévy participait à la marche commémorative à
Kiev, à quelques places du président Porochenko. Le mardi suivant, Éric Zemmour
intitulait sa chronique sur RTL : « L’Ukraine est morte, mais il est
interdit de le dire »[3].
Ces deux figures médiatiques prêteraient à rire tant elles se caricaturent
elles-mêmes : BHL, bronzé et l’air dégagé à côté d’un président ukrainien
dont la mine soucieuse correspondait mieux à la situation du pays ;
Zemmour refaisant sempiternellement le coup de la vérité cachée, dans
l’écriture un peu vulgaire d’un sketch de stand-up.
Il reste que leurs prises de positions respectives,
« pro-ukrainienne » ou « pro-russe », sont l’expression
médiatique d’une réelle fracture dans le monde intellectuel français,
affrontement où les historiens et les références historiques jouent un rôle non
négligeable en fournissant des arguments à l’un et l’autre camps. En passant en
revue les arguments des antagonistes, je n’essaierai pas de me prévaloir d’une
expertise, la mienne, qui serait supérieure à celle de tel ou telle ; je
voudrais plutôt dégager de façon critique des postures et un rapport au pouvoir
au fond aussi semblables d’un bord à l’autre que les déclarations sont
opposées.
Un combat pour l’Ukraine ?
On ne peut faire à Bernard-Henri Lévy le reproche de
l’inconstance. Dès le début de la contestation contre Viktor Ianoukovitch, il
s’est fait le porte parole de la France sur le Maïdan et du Maïdan en France.
Il pouvait s’appuyer sur l’équipe réunie autour de sa revue, La Règle du jeu,
et particulièrement sur Galia Ackerman, elle-même originaire d’URSS. Elle
présente leur engagement comme la poursuite du combat entamé dès les années
1970 par les « nouveaux philosophes », « dénonçant le
totalitarisme soviétique, à pied d'égalité avec le totalitarisme nazi »[4].
L’obstination répressive, d’une Union soviétique bâillonnant les dissidents à
une Russie écrasant les Tchétchènes, les a visiblement convaincus d’une
continuité politique du « communisme » d’avant 1991 au nationalisme
russe s’épanouissant particulièrement depuis les années 2000.
La chose se soutient difficilement politiquement. On
pourrait plutôt l’expliquer par une étude des structures de l’État et de la
société post-soviétiques, mais cela ne préoccupe guère La Règle du jeu ou
le Forum européen pour l’Ukraine qui en est issu : si Bernard-Henri
Lévy est philosophe et Galia Ackerman « essayiste, historienne,
journaliste », « traductrice littéraire » et « spécialiste
de la Russie et de l’Ukraine »[5],
ils ignorent volontairement les sciences sociales, tant elles fleurent
nécessairement le marxisme. Galia Ackerman en était gênée quand elle
s’intéressait aux Femen : « Elles lisent un livre
totalement oublié en Occident, « La Femme et le Socialisme » d’Auguste Bebel.
Cet ouvrage devient le véritable socle de leur futur mouvement : elles décident
de se battre à la fois pour les droits de la femme et contre l’injustice
sociale. Leur rejet de toute religion fait partie de cette imprégnation
marxiste. (…) Quand on est confronté à des récits pareils, on se rend compte
à quel point le passé soviétique est vite oublié par une partie de la jeunesse »[6].
Alors qu’elle avait été « élevée en URSS dans une
idée marxiste que ce sont les masses qui font l'Histoire », il a fallu à
Galia Ackerman « plusieurs années de vie en Occident et des expériences
personnelles pour [se] rendre compte à quel point le rôle de l'individu peut être
important ». Elle avoue candidement sa dette à BHL, qui a prouvé
qu’« un homme peut changer l’histoire »[7].
Dans cette vision d’un monde où s’affrontent hommes et idées dans des combats à
l’emporte-pièce, tout est simple : il s’agit de la « confrontation
entre deux conceptions de l'Europe : une Europe démocratique, fidèle à ses
principes, mais aussi atlantiste ; et une Europe divisée, faible,
anti-américaine et pro-Poutine »[8].
L’atlantisme ainsi revendiqué n’apparaît pourtant pas dans
les références historiques mobilisées par BHL sur le Maïdan. L’image du GI
est sans doute moins attrayante que celle du compañero :
« Une
force (...) agit impunément dans l’est de votre pays, sur vos terres
historiques. (...) L’argument est connu : c’est celui d’Hitler arguant, en
1938, de ce que les Sudètes parlaient allemand pour envahir la Tchécoslovaquie.
La méthode est connue : c’est celle d’Hitler profitant, lui aussi, des jeux
olympiques d’hiver, à Garmish Partenkirchen, pour, quelques jours plus tard,
remilitariser la Rhénanie. Mais vous êtes là, peuple du Maïdan, pour empêcher
ce nouveau crime. (…)
No pasarán,
clamaient les Républicains espagnols en 1936.
No pasarán,
lanciez-vous à la face des terribles Berkouts de Ianoukovitch qui vous
mettaient en joue.
No pasarán, doit redire aujourd’hui l’Europe à la
soldatesque de Vladimir Poutine »[9].
Surenchère nationaliste
Évidemment, cette référence et ces arguments visent à
contrer la propagande russe qui s’en prenait dès la chute de Ianoukovitch à la
« junte fasciste » qui aurait pris le pouvoir à Kiev. Dès lors, il
devient impossible aux soutiens français de Kiev de reconnaître l’existence
d’une extrême-droite ukrainienne dans les mouvements en cours. En outre, les
défenseurs parisiens de la démocratie ukrainienne doivent promouvoir le
nationalisme ukrainien le plus radical tout en niant son existence. Ainsi,
quand La Règle du jeu a accueilli à Paris les deux candidats à
l’élection présidentielle ukrainienne, Petro Porochenko et Vitali Klitchko, les
organisateurs firent scander aux participants « Gloire à l’Ukraine, Gloire
aux héros » sans leur préciser la provenance du slogan[10] :
de la guérilla de l’UPA de 1943 à la remise au goût du jour par le KUN ou Pravy
Sektor[11].
Il ne s’agit pas seulement d’un aveuglement volontaire,
mais d’une reprise consciente de l’historiographie nationaliste. Réagissant à
l’annexion de la Crimée et au début de l’agitation séparatiste, Galia Ackerman
soutient que la russification de l’est ukrainien est le résultat d’un
remplacement de population résultant largement du Holodomor, la famine
de 1932-1933 :
« Ces régions de l’Est, qui
avaient perdu au total entre 11 et 14 millions d’Ukrainiens [de la famine de
1933 à la fin de la seconde Guerre mondiale], en majorité ukrainophones, furent
repeuplées par des Russes envoyés en masse par Staline, avant et surtout après
la Seconde Guerre mondiale, pour participer à l’industrialisation »[12].
C’est une fois de plus faire bon marché de l’histoire
sociale qui montre des régions du sud-est peu densément peuplées encore au
début du XIXe siècle et où l’industrialisation attire dès les années
1860 essentiellement un exode rural de Russie dans la mesure où la paysannerie
ukrainienne restait plus solidement attachée à la glèbe par un système agraire
spécifique[13].
Dans ces régions, la russification n’est pas tant le résultat d’une politique
soviétique que l’effet du développement impétueux du capitalisme aux
périphéries de l’Europe au XIXe siècle dans une révolution
industrielle qui a transformé de façon différenciée le statut social des
groupes ethniques.
Galia Ackerman évoque tout de même rapidement dans cet
article la politique soviétique d’ukrainisation culturelle des années 1920.
Elle ne dit pas qu’elle se doublait dans tout l’est du pays d’une ukrainisation
démographique des villes : la proportion d’Ukrainiens passe de 7 à
31 % de 1923 à 1933 à Stalino (future Donetsk) et de 21 à 60 % à
Lougansk[14].
C’était une première dans l’histoire du pays, qui avait toujours connu des
campagnes ukrainiennes « autochtones » dominées par des villes
« étrangères » (peuplées de Polonais, de Russes et de Juifs). Avant
la famine, la collectivisation forcée initiée par Staline en 1929 avait même eu
pour effet d’accentuer ce phénomène : au grand dam des autorités, les
paysans ukrainiens « dékoulakisés » devenaient massivement des
ouvriers dans le boom de l’industrialisation :
« À votre avis, où sont
passés les exploiteurs dékoulakisés de notre arrondissement et des
arrondissements voisins ? Aux Solovki ou dans la taïga, à retourner le
fumier dans une exploitation de pauvres ? Détrompez-vous ! La
majorité sinon la totalité d’entre eux travaille maintenant à Kramatorsk ou à
Kostiantynivka, dans les usines. Enfin, qu’ils travaillent, ce n’est pas
mal : mais que ce soit dans les usines, et jouissent des droits de
l’ouvrier d’industrie, voilà qui est mauvais. C’est un grand danger pour la
classe ouvrière »[15].
Les choses ne sont donc pas si simples et l’équation
« communisme = russification » est fausse, même si elle s’est imposée
dans la vision nationaliste de l’histoire. C’est une des raisons pour
lesquelles la mémoire de la période stalinienne est particulièrement clivante
d’une région d’Ukraine à l’autre. Contre le nouveau « roman
national », l’Est du pays cultive l’héritage de la « Grande guerre patriotique »,
tout en étant réticent à politiser le souvenir de la famine[16].
En conséquence, répandre au début mars 2014 « les cendres du
Holodomor » sur un Donbass qui laissait déjà sourdre sa défiance vis-à-vis
de Kiev[17],
revenait à jeter de l’huile sur le feu.
Il semble d’ailleurs que le principal souci des défenseurs
français d’une « Ukraine une, indivisible et libre »[18]
ne soit pas d’apaiser les tensions internes au pays. Dans le programme d’une
« Conférence - débat d’idées » co-organisée à Kiev les 12 et 13
décembre derniers par le Forum européen pour l’Ukraine, on lit :
« D’énormes différences
persistent entre l’Est et l’Ouest de l’Ukraine. L’Est se caractérise par une
population qui, dans sa très grande majorité, n’a jamais mis les pieds à l’étranger
(voire à Kiev). L’économie de l’Est reste dominée par des grandes entreprises
gérées souvent comme à l’époque soviétique et où la dépendance des ouvriers et
des salariés à l’égard des patrons des mines et des usines demeure parfois
entière. Dans un tel contexte, les PME sont sous-developpées, notamment dans le
Donbass. »[19].
La profession de foi couplant petite entreprise et respect
du salarié est bien naïve mais l’association d’une origine géographique sinon
ethnique, d’une condition sociale avec la soumission et le manque d’ouverture
au monde est méprisante, voire ignominieuse. Les défenseurs du gouvernement de
Kiev devraient plutôt se féliciter que l’existence de liens quasi-féodaux dans
l’Est aient permis au milliardaire-gouverneur Kolomoïsky de « tenir »
la région de Dnepropetrovsk et d’aligner sur ses deniers personnels des troupes
qui résistent aux séparatistes[20].
Et, si l’Ukraine occidentale a un tissu plus dense de petites entreprises, les
petits patrons « patriotes » de l’Ouest savent aussi bien que les
oligarques de l’Est transformer leur puissance économique en influence
politique[21].
Cette « Conférence - débat d’idées »
s’intitulant « Comment déboulonner Lénine dans les têtes des
Ukrainiens ? » et comptant Stéphane Courtois en invité d’honneur, on
comprend qu’elle avait une visée politique, indépendamment de la défense de
l’Ukraine contre les menées russes. L’anticommunisme est une autre raison de
fermer les yeux sur l’extrême-droite ukrainienne et d’en promouvoir le discours
historique. Invité par le Forum européen pour l’Ukraine tant à Paris[22]
qu’à Kiev, Volodymyr Vyatrovytch a été nommé directeur de l’Institut de la
mémoire nationale d’Ukraine à la chute de Ianoukovitch. L’institut ukrainien,
créé en 2004 sur le modèle polonais[23],
est un « organe central du pouvoir exécutif » qui doit mettre en
œuvre « la politique de l’État de restauration et de préservation de la
mémoire nationale du peuple ukrainien ». Sous la rubrique des méfaits du
« totalitarisme », il ne vise que le régime soviétique[24]
et n’évoque pas l’occupation nazie (une perte de population de 7 à 14 millions
de personnes entre morts et exilés définitifs[25]).
Quant à Vyatrovytch lui-même, il dirigeait auparavant le
« Centre d’étude du mouvement de libération », organisme associé
es-qualité à la conférence[26].
Ce centre, au statut associatif et non universitaire, place au premier rang du
mouvement de libération des organisations ethnicistes et fascisantes comme
l’OUN-UPA de Bandera. Toute l’œuvre d’historien de Vyatrovytch est d’ailleurs
consacrée au combat de l’OUN-UPA. Si ses deux principaux livres, Les
Rapports de l’OUN avec les Juifs : un positionnement sur fond de
catastrophe (2006) et La seconde Guerre polono-ukrainienne, 1942-1947 (2011)
ont été reconnus pour leur apport documentaire, ils ont été critiqués en
raison de leur tentative de nier l’antisémitisme de l’Organisation de
nationalistes ukrainiens, ainsi que son rôle d’instigateur dans les massacres
de civils polonais en Volynie en 1943[27].
No pasarán,
proclamait Bernard-Henri Lévy ? On appréciera le double retournement
qui consiste à promouvoir la réhabilitation de mouvements fascisants en se
réclamant du combat des antifascistes espagnols.
Une russophilie bien française
Les sentiments qu’on conçoit à l’étalage de cette
complaisance intéressée envers le nationalisme ukrainien ne peuvent être
endigués que par ceux provoqués à la lecture de la prose pro-Kremlin. Les
réseaux français soutenant Vladimir Poutine ont fait l’objet de l’attention de
la presse à l’automne dernier[28].
L’étonnement devant les moyens mis en œuvre depuis Moscou pour influencer
l’opinion montre que les journalistes français ne connaissent pas l’histoire de
leur corporation.
L’alliance franco-russe à la fin du XIXe siècle
n’avait pas été scellée que par la création d’un entremet et l’inauguration du pont Alexandre III. En 1923, L’Humanité
publiait des extraits d’archives diplomatiques et policières russes sous le
titre L’abominable Vénalité de la presse française[29] :
certains organes de presse avaient bénéficié des largesses des officines
tsaristes.
La défense en France des vertus économiques et politiques
de la Russie ne s’expliquait pas seulement par la corruption[30].
Les appétits économiques de la classe dirigeante et les intérêts diplomatiques
de l’État motivaient largement le tropisme russe des élites françaises ;
tropisme qui ne se démentirait pas – bien au contraire – à mesure que la France
devenait une puissance de second rang, obligée de se contenter des restes des
grands marchés et de profiter des rivalités entre « Grands » pour se
faire entendre. De Gaulle, après avoir été volontaire auprès de l’armée
polonaise contre l’Armée rouge en 1920, verrait dans la Russie (il
mettait un point d’honneur à ne pas dire URSS) un contrepoids utile à
l’influence américaine[31].
Le rapprochement avait été spectaculaire dans les années 1960 et devait
également favoriser des relations économiques fructueuses avec l’URSS[32].
En 1981 encore, le candidat Mitterrand qualifiait le président de droite
Giscard d’Estaing de « petit télégraphiste » de Moscou[33].
Le soutien de l’État français à la Russie est donc une
tradition séculaire qui n’a pas commencé avec le contrat de vente des navires
de combat Mistral. C’est une constante de milieux conservateurs privilégiant
sans scrupules l’intérêt de l’État et considérant que la stabilité
internationale dépend moins du respect des frontières que du poids respectif
des acteurs censés l’assurer. Dans ce cadre de pensée, Vladimir Poutine est la
divine surprise qui semble incarner la prophétie de De Gaulle en 1920 :
« Le bolchevisme ne durera pas éternellement en Russie. Un jour viendra,
c'est fatal, où l'ordre s'y rétablira et où la Russie, reconstituant ses
forces, regardera de nouveau autour d'elle »[34].
Oui, l’ordre a été rétabli et la Russie regarde désormais autour d’elle !
La russophilie n’a pas toujours prévalu dans les cercles
dirigeants français et ils peuvent regarder à certains moments plus vers
l’ouest que vers l’est pour s’en remettre à un atlantisme souvent mieux défendu
au Parti socialiste. Au début de la crise ukrainienne, le soutien à la Russie
était d’ailleurs minoritaire même à droite et largement cantonné au Front
national[35].
Les récentes avances de François Fillon et Nicolas Sarkozy vis-à-vis de
Vladimir Poutine[36] indiquent
qu’un vent d’est souffle de nouveau sur la droite « classique ». On
peut y voir l’influence d’individus évoluant entre des publications de droite
radicales et Le Figaro, écrivant dans des revues aux prétentions
académiques comme sur des sites militants[37].
Mais, sur le fond quelque chose a bougé dans l’establishment.
À cet égard, l’évolution de l’historienne et académicienne
Hélène Carrère d’Encausse est instructive. En septembre, elle renvoyait dos à
dos les présidents Porochenko et Poutine dans leur obstination. « Si cela
n'était pas tragique, le conflit entre l'Ukraine et la Russie ressemblerait à
une bataille de gamins qui ne savent plus s'arrêter ». D’après elle,
l’Europe devait, en concertation avec la Russie, tenter de « sauver
l'unité de l'Ukraine, l'existence même de l'Ukraine étant menacée aujourd'hui
de dislocation »[38].
Quatre mois plus tard, dans ses dernières interviews, elle rejette plus
clairement la responsabilité de la crise sur l’Union européenne :
« Depuis la révolution orange de 2004, l’Europe s’est complètement
trompée. La Commission européenne a mal travaillé. (...) Elle a traité avec
l’Ukraine mais pas avec la Russie »[39].
Dans un même mouvement, elle réévalue le personnage de Vladimir Poutine :
« On présente Poutine en
dictateur, chauvin, pétri d'idées extrêmes - eurasisme de Douguine…-, c'est
excessif. Le président russe a fait des études supérieures, il est fasciné par
l'histoire, surtout celle du passé russe découverte après la chute en 1991 de
l'URSS. Poutine est avant tout un patriote fervent. Il veut que son pays qui a
une très grande histoire et une très grande culture soit reconnu comme tel, ce
n'est pas toujours le cas »[40].
Le président russe est passé du statut de sale gosse à
celui d’homme de haute culture car la réalité du rapport de force militaire et
diplomatique pousse à renouer avec la Russie, realpolitik oblige. Ces
atermoiements se retrouvent au niveau de l’État : valse-hésitation autour
des navires de combat Mistral de peur de fâcher définitivement la Russie
et de perdre 1,2 milliard d’euros ; soutien de l’ambassade de France à
Kiev à la conférence « Comment déboulonner Lénine » afin de
satisfaire les Ukrainiens au prix de quelques centaines d’euros...
Misère de l’antilibéralisme
Les partisans de Kiev et ceux de Moscou ne s’opposent pas
seulement sur l’interprétation des événements mais aussi sur un point
idéologique : la question de l’État. L’équipe de La Règle du jeu assume
son libéralisme ; Laurence Parisot a récemment appelé à être « Tous
unis derrière l’Ukraine » alors qu’au Cercle des libéraux Alexandre
Melnik s’en prenait à « Une France pro-Poutine »[41].
La tradition conservatrice et/ou gaullienne des pro-russes est nettement plus
étatiste. Or, en ces temps de crise du capitalisme, la défense du rôle de
l’État est une passerelle entre une certaine droite et une certaine gauche.
C’est précisément à cet endroit qu’on trouve Jacques Sapir.
Spécialiste de l’URSS puis de la Russie, c’est un esprit
brillant et original. Dans les années 1980, la lecture de Travail et
travailleurs en URSS[42]
ouvrait des horizons à qui s’intéressait à la société soviétique hors des
discours propagandistes pro ou contra. Dans les années 1990,
alors que la majorité des chercheurs se conformaient avec enthousiasme au
schéma de la transition inéluctable vers le marché et la démocratie tout en se
félicitant du triomphe des nations issues de la dislocation de l’URSS, les
recherches de Jacques Sapir sur la persistance des structures bureaucratiques
montraient les ressorts cachés d’une évolution économique de la Russie qui ne
suivait pas la courbe prévue à l’ouest[43].
Jacques Sapir n’était pas le seul chercheur à faire ce constat, mais
contrairement à d’autres[44],
il ne s’attristait pas de la défaite du capitalisme libéral en Russie.
Après avoir constaté l’impasse où l’économie de marché
avait mené la Russie, il n’y avait pas de fatalité à se réjouir de
l’instauration d’un capitalisme autoritaire sous Vladimir Poutine. Mais, outre
son expérience de terrain en Russie, Jacques Sapir intervenait dans un débat
français où la critique du libéralisme débridé prenait le plus souvent l’aspect
d’une mise en cause de l’Europe et d’un soutien à l’État-nation
interventionniste en économie. Là encore Vladimir Poutine semblait répondre à
des préoccupations françaises. Il semble que Jacques Sapir en ait récemment
tiré la conclusion – assez logique – du souverainisme et ait évolué de plus en
plus vers la droite[45].
La critique qu’il peut faire du nouveau pouvoir de Kiev
condense son parcours en mélangeant ainsi des considérations politiques (dénonciation
du danger de l’extrême droite nationaliste[46]),
économiques (critique de l’orientation libérale pro-européenne[47])
et géopolitiques. C’est sur ce dernier point que le bât blesse le plus.
« Il faut aussi penser au
statut de l’Ukraine elle-même. Là, nous avons une contradiction entre le
principe de souveraineté, que nul ne veut remettre en cause, et la réalité
géopolitique. On comprend qu’une Ukraine militairement hostile à la Russie est
une menace directe pour cette dernière. Mais, l’Ukraine ne peut fonctionner
économiquement sans la Russie. Et là se trouve sans doute la solution.
L’Ukraine doit volontairement accepter un statut de neutralité, que ce soit par
rapport à une alliance militaire (comme l’OTAN) ou dans des relations
économiques (tant par rapport à l’UE qu’à l’Union Eurasienne) »[48].
On voit que la géopolitique donne à l’analyste qui
dissèque les tensions sur la planète l’illusion grisante de les contrôler et
d’être ainsi le vrai maître du monde. L’intellectuel joue à l’homme d’État et
on sait à quel point les hommes d’État font cas des petites gens ! Avec
l’ivresse de la toute puissance, l’intellectuel sort facilement de son domaine
de compétence pour donner un avis définitif sur les sujets les plus divers. On
découvre ainsi que Jacques Sapir est également un expert en balistique :
analysant trajectoires et projectiles, il peut prouver que le vol MH17 a été
abattu par les Ukrainiens et que le meurtre de Boris Nemtsov relève d’une mise
en scène[49].
Parti du constat des dégâts provoqués par l’effondrement
d’une économie planifiée dans un cadre supranational, Jacques Sapir prend
aujourd’hui résolument position dans des rivalités nationales. Le fait que son
analyse soit relayée à la gauche de la gauche[50]
n’enlève rien à son positionnement conceptuel. En promouvant l’alliance
franco-russe, il est peut-être l’homme de 1914 et mais sûrement pas celui de
1917 !
* *
*
C’est en fait l’ensemble du débat sur l’Ukraine en France
qui se joue sur la droite de l’échiquier. Politiquement, on a le choix entre la
promotion d’une démocratie libérale, dont on sait qu’elle se joue sans la
participation de la masse pauvre de la population, et celle d’un régime
autoritaire et paternaliste qui ne s’occupe des classes populaires qu’afin de
les embrigader. Diplomatiquement, c’est l’alternative entre un européisme
atlantiste de guerre froide et un eurasisme de sinistre ascendance[51],
quels que soient ses oripeaux contemporains. Économiquement, dans une Ukraine
qui connaît une récession dramatique, les aides promises de part et d’autres
ont toujours été conditionnées à la docilité politique attendue par le prêteur
et les Ukrainiens paieront leur gaz de plus en plus cher, que ce soit pour
complaire au FMI ou pour satisfaire Gazprom.
L’affrontement peut paraître d’autant plus absurde que les
rhétoriques des pro-ukrainiens et des pro-russes sont finalement très
proches : une nation qui a subi des torts dans l’histoire doit en obtenir
la réparation et ceux qui s’y emploient ne sont pas des nationalistes mais des
patriotes ; un roman national est nécessaire (fût-ce dans sa version la
plus rétrograde) pour souder le pays contre l’ennemi et tourner définitivement
la page du communisme honni.
Il est un autre point commun entre les uns et les autres,
dans la posture de l’intellectuel cette fois. Tous entendent trouver l’oreille
des gouvernants français et conseiller le pouvoir pro domo. Ils se
vantent de leur influence[52]
et donnent des bons points aux grands de ce monde quand les actions de ceux-ci
rejoignent leurs analyses[53].
Dans une crise ukrainienne qui ensanglante déjà l’Europe, on trouve de part et
d’autre de bonnes âmes qui soutiennent ou souhaitent des livraisons d’armes[54].
Notons encore que les défenseurs du principe
d’indépendance nationale (soit contre l’ingérence américano-européenne soit
contre l’immixtion russe) communient dans une touchante unanimité quant au
droit de la France à intervenir en Afrique[55].
Ce consensus impérialiste est sans doute un gage d’employabilité : au gré
de leurs louvoiements diplomatiques, les autorités de la République pourront
utiliser les uns ou les autres pour mettre en musique le couplet du jour sur
l’Ukraine car nos maestros sont « tous d’excellents
Français », des éléments loyaux sur lesquels l’État peut compter.
Ce rapport aux « périphéries » doit également
faire réfléchir au regard porté sur les Russes ou les Ukrainiens. Ceux qui
défendent le droit des Ukrainiens à s’affirmer nationalement, voudraient-ils
pour eux-mêmes la tutelle d’un ministre de l’éducation passé par un groupe
d’extrême-droite para-militaire[56] ?
Ceux qui défendent la Russie et l’étudient souvent dans le cadre de projets
internationaux aimeraient-ils devoir justifier de leurs financements pour
éviter l’étiquette « d’agents de l’étranger » ? Les uns ou les
autres seraient-ils à l’aise en compagnie des héros de la lutte, membres des
bataillons Azov ou Vostok ? Sûrement non. S’ils peuvent peut-être justifier le contrôle sur la
vie intellectuelle et la présence sur le devant de la scène de chiens de
guerre, c’est seulement pour leurs « amis » de l’est.
Si les Ukrainiens et les Russes sont vraiment nos amis,
pensons plutôt à ces hommes qui, à l’ouest comme à l’est de l’Ukraine, évitent
l’embrigadement pour le compte d’une « république populaire » ou
d’une « nation indivisible ». Pensons plutôt à ces femmes qui luttent
contre la mobilisation de leurs maris et fils pour « l’Opération
antiterroriste » ou à celles qui, en Russie, se battent pour obtenir leur
rappel[57].
Ce sont leurs semblables qui arrêtèrent la guerre à l’est et provoquèrent la
chute de trois empereurs il y a un peu moins de cent ans.
[1] Université de Genève. Dernière
publication : « ‘‘Communistes, aux armes !’’ : les unités à
destination spéciale (TchON) au sortir de la guerre civile en Ukraine
(1920-1924) », Amnis. Revue de
civilisation contemporaine Europes/Amérique, n° 14 (2015) et Hispania
Nova.
Revista de Historia Contemporánea, nº 13 (2015), http://e-revistas.uc3m.es/index.php/HISPNOV/article/view/2389/1288.
[4] Galia Ackerman, « Les "nouveaux
philosophes" sur le Maïdan », Huffington Post, 5 mars 2014, http://www.huffingtonpost.fr/galia-ackerman/bhl-glucksmann-ukraine_b_4901929.html.
[5] Frédéric du Hauvel, « 5 questions à Galia
Ackerman, coauteur du livre Femen », Blog de Perspectives ukrainiennes,
8 avril 2013, http://www.perspectives-ukrainiennes.org/article-5-questions-a-galia-ackerman-coauteur-du-livre-femen-116932987.html.
Galia Ackerman, journaliste, traductrice littéraire,
« Quel avenir pour le Donbass? », Huffington
Post, 23 juillet 2014, http://www.huffingtonpost.fr/galia-ackerman/donbass-crise-ukrainienne_b_5608512.html.
Plaquette de présentation de la conférence Kremlin’s Information policy as a
key component of the hybrid war, Paris, 17 décembre 2014.
[6] Frédéric du Hauvel, « 5
questions... ». Je souligne.
[7] Galia Ackerman, « Un homme peut-il changer
l’Histoire ? », Huffington Post, 2 juin 2014, http://www.huffingtonpost.fr/galia-ackerman/un-homme-peut-il-changer-l-histoire_b_5428448.html.
Le texte faisait suite à l’invitation du président Porochenko aux
commémorations du débarquement en
juin 2014. À coup sûr un tournant dans l’histoire.
[8] Ibidem.
[9] Discours prononcé par Bernard-Henri Lévy le 2
mars 2014, sur la place du Maïdan, à Kiev, http://laregledujeu.org/bhl/2014/03/03/adresse-au-maidan/.
[10] http://www.perspectives-ukrainiennes.org/article-rencontre-avec-deux-candidats-aux-elections-presidentielles-en-ukraine-vendredi-7-mars-2014-a-20h30-122857285.html.
Correspondance personnelle avec une participante au meeting, 17 mars 2014.
[11] Voir Éric Aunoble, « Luttes politique et
lutte symbolique dans l'espace public en Ukraine », http://cvuh.blogspot.fr/2014/03/luttes-politiques-et-lutte-symbolique.html.
[12] Galia Ackerman, « Les cendres de
l’Holodomor frappent à mon cœur », Libération, 11 mars 2014. http://www.liberation.fr/monde/2014/03/11/les-cendres-de-l-holodomor-frappent-a-la-porte-de-mon-coeur_986245.
[13] Bohdan
Krawchenko, « Working class », Encyclopedia of Ukraine,
Toronto University Press, 1993 ; http://www.encyclopediaofukraine.com/display.asp?linkpath=pages%5CW%5CO%5CWorkingclass.htm. Leonard G. Friesen, Rural
revolutions in Southern Ukraine : peasants, nobles, and colonists, 1774-1905,
Cambridge Mass., Harvard University Press, 2008. Hiroaki Kuromiya. Freedom
and Terror in the Donbas: A Ukrainian- Russian Borderland, 1870s-1990s. New
York, and Cambridge, England: Cambridge University Press, 1998. Theodore H.
Friedgut, Iuzovka and Revolution : Vol. 1 : Life and Work in Russia’s
Donbass, 1869-1924, Princeton: Princeton University Press, 1989.
[14] Terry
Martin, The Affirmative Action Empire: Nations and Nationalism in the Soviet
Union, 1923-1939, Ithaca, Cornell University Press, 2001, p. 103. Andreas
Kappeler, Petite histoire de l’Ukraine, [1994] Paris, Institut d’Études
Slaves, 1997, p. 154.
[15] M. Xvyl’ovyj, Po Barvinkivs’komu rajonu (Z
bl’oknotu korespondenta), 1930 (reproduit dans Tvory, T. 3,
Smoloskyp – Slovo, NY, 1982, p. 486). Phénomène confirmé par Hiroaki Kuromiya, Stalin’s
industrial revolution : politics and workers (1928-1932), Cambridge, Cambridge
UP, 1988 : p. 236, 302.
[16] Ostriitchouk Olha, Les Ukrainiens face à
leur passé : vers une meilleure compréhension du clivage Est-Ouest,
Bruxelles, Peter Lang, 2013 ; p. 366-367.
[17] Piotr Smolar dans Le Monde :
« Donetsk à l’heure de la défiance envers Kiev », le 24 mars
2014 ; « Dans l'est de l'Ukraine, des prorusses veulent leur propre
révolution », le 9 avril 2014.
[18] Discours de Bernard-Henri Lévy du 2 mars 2014, op.
cit.
[20] Louis Imbert, « Les subtils équilibres
d’Igor Kolomoïski, nouvel homme fort du Sud-Est ukrainien », Le Monde,
21 mai 2014.
[21] Hélène Richard, « Poursuivre la révolution
ou combattre le séparatisme ? Dilemme pour les miliciens ukrainiens », Le
Monde diplomatique, septembre 2014.
[24] Décret du conseil des ministres du 12 novembre
2014 sur l’Institut ukrainien de la mémoire, §1 et 3.1, http://www.memory.gov.ua/page/postanova-kabinetu-ministriv-ukraini-pro-zatverdzhennya-polozhennya-pro-ukrainskii-institut-nat.
[25] S.V. Kul’čyc’kyj, Û.A. Myŝyk, V.S. Vlasov, Istoriâ
Ukraïny, Litera, Kyïv, 2010, p. 405 ; V.V. Petrovs’kij, L.O. Radčenko, V.I. Semenenko, Istoriâ
Ukraïny, Xarkiv, Škola,
2008, p. 472.
[26] http://www.cdvr.org.ua/registration2014.
L’organisation défend aussi l’héritage d’organisations ukrainiennes antirusses,
comme les fusiliers de la Sitch, bataillon ethnique de supplétifs ukrainiens
dans l’armée austro-hongroise en 1914-1918. Ils étaient commandés par un Habsbourg
(cf. Timothy Snyder, Le Prince rouge, Gallimard, Paris, 2013).
[27] http://en.wikipedia.org/wiki/Volodymyr_Viatrovych.
Les critiques proviennent des historiens les plus reconnus sur ces sujets, par
exemple, John-Paul Himka, Per Anders Rudling, Andriï Portnov ou Grzegorz
Motyka.
[28] Lorraine Millot et Veronika Dorman, « Les
sept familles dans la manche du Kremlin », Libération, 24 octobre
2014 ; Anthony Bellanger, « Comment j’ai failli me faire recruter par
la propagande pro-Poutine », Les Inrockuptibles, 5 novembre 2014 (http://www.lesinrocks.com/2014/11/05/actualite/comment-jai-failli-faire-recruter-propagande-russe-11533833/) ;
Gaïdz Minassian, « Les réseaux français de Poutine : une intelligentsia
hétéroclite », Le Monde, 18 novembre 2014.
[29] Repris et complété en volume à la Librairie du
Travail en 1931, http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k83024b/f2.image.
[30] Martin Marc, « Retour sur ‘‘l'abominable
vénalité de la presse française’’ », Le Temps des médias, 1/ 2006
(n° 6), p. 22-33, www.cairn.info/revue-le-temps-des-medias-2006-1-page-22.htm.
[31] Frédéric Guelton, « Le capitaine de Gaulle
et la Pologne (1919-1921) », in Charles de Gaulle, la jeunesse et la
guerre 1890-1920 [Colloque], Plon, 2001 ; http://www.charles-de-gaulle.org/pages/l-homme/dossiers-thematiques/1890-1940-la-genese/la-grande-guerre/analyses/le-capitaine-de-gaulle-et-la-pologne.php.
Dossier « De Gaulle et l’URSS », http://www.charles-de-gaulle.org/pages/l-homme/dossiers-thematiques/de-gaulle-et-le-monde/de-gaulle-et-lrsquourss.php.
[32] Hubert Bonin, « L’émergence de la coopération
industrielle, bancaire et commerciale franco-soviétique dans les années 1960 »,
dans Maurice Vaïsse (dir.), De Gaulle et la Russie, Paris, CNRS
Éditions, 2006, p. 229-252,
boninhub.free.fr/files/documents/banques%20et%20russie.doc.
[33] Émission Cartes sur Table du 16 mars
1981 sur Antenne 2.
[34] Cité par Frédéric Guelton, op. cit.
[35] Voir sur le site Sputnik/La Voix de la Russie
les prises de position de Marine Le Pen http://fr.sputniknews.com/french.ruvr.ru/news/2014_04_12/Marine-Le-Pen-est-favorable-a-la-federalisation-de-l-Ukraine-9357/,
http://fr.sputniknews.com/french.ruvr.ru/news/2014_06_01/LEurope-est-responsable-de-la-crise-en-Ukraine-Marine-Le-Pen-4473/.
[36] Galia Ackerman, Alain Besançon, Boris Najman, Philippe de Lara, Philippe Raynaud, Philippe de Suremain, Françoise Thom, « La droite française est devenue l’agent d’influence de Vladimir Poutine », Le Monde, 16 mars 2015.
Benoît Vitkine, « Crise ukrainienne : Nicolas Sarkozy reprend la rhétorique du Kremlin », Le Monde, 9 février 2015 ; « Quand François Fillon ‘‘félicite’’ François Hollande », Le Monde, 11 février 2015.
Benoît Vitkine, « Crise ukrainienne : Nicolas Sarkozy reprend la rhétorique du Kremlin », Le Monde, 9 février 2015 ; « Quand François Fillon ‘‘félicite’’ François Hollande », Le Monde, 11 février 2015.
[37] Voir Hadrien Desuin, « Ukraine : non,
Poutine ne veut pas reconquérir l’Europe de l’est », Le Figaro, 11
février 2015. Hadrien Desuin écrit également dans Causeur (http://www.causeur.fr/author/hadriendesuin#),
Conflits (http://www.revueconflits.com/les-auteurs/)
et Les Nouvelles de France (http://www.ndf.fr/author/hadrien-desuin#).
[38] Hélène Carrère d'Encausse, «Poutine et
Porochenko ne savent plus s'arrêter», Le Figaro, 2 septembre 2014.
[39] Hélène Carrère d'Encausse, « Sur
l’Ukraine, l’Europe s’est complètement trompée », La Tribune de Genève,
20 janvier 2015.
[40] Hélène Carrère d'Encausse, « Cessons
de juger Poutine à l'aune de nos critères », Le Figaro, 5 février
2015.
[42] La Découverte, Paris, 1984.
[43] Le Chaos russe, La Découverte, Paris, 1996.
[44] Cf. Marie Mendras, Comment fonctionne la
Russie ? Le politique, le bureaucrate et l’oligarque, Paris,
CERI/Autrement, 2003. Sa longue déception vis-à-vis de la tournure des
événements à Moscou l’a finalement conduite à prendre position pour le nouveau
pouvoir de Kiev en niant l’existence d’une guerre civile pour ne voir qu’une
agression russe (Marie Mendras, « Position. Défendre l'Ukraine », Esprit,
2014/12,
décembre, p. 5-8).
[46] Jacques Sapir, « Peut-on sauver l’accord
de Minsk? », 14 février 2015, http://russeurope.hypotheses.org/3448.
[48] Jacques Sapir, « Moscou, Munich et
Minsk », 8 février 2015, http://russeurope.hypotheses.org/3413.
[49] Jacques Sapir a écrit cinq billets sur le MH17
qu’on trouve facilement grâce au moteur de recherche de son site. Sur Nemtsov,
« Assassinat à Moscou », 1er mars 2015, http://russeurope.hypotheses.org/3509.
[50] Voir par exemple Jacques Sapir,
« Interview pour Solidarité Etudiante (Amiens) », 30 août 2014, http://russeurope.hypotheses.org/2732.
[51] Voir les articles de Marlène Laruelle
disponibles sur persee.fr : « Lev
Nikolaevič Gumilev (1912-1992) : biologisme et eurasisme dans la pensée
russe », Revue des études slaves, Tome 72, fascicule 1-2, 2000, p.
163-189 ; « Les idéologies de la ‘‘troisième voie’’ dans les années
1920 : le mouvement eurasiste russe », Vingtième Siècle. Revue
d'histoire, n° 70, avril-juin 2001, p. 31-46 ;
« Alexandre Dugin : esquisse d'un eurasisme d'extrême-droite en Russie
post-soviétique », Revue d’études comparatives Est-Ouest, Volume
32, 2001, n° 3, p. 85-103.
[52] Ackerman, « Un homme peut-il changer
l’Histoire ? », op. cit.
[53] Hélène Carrère d’Encausse, Le Figaro, 5
février 2015, op. cit.
« La droite française est devenue l’agent d’influence de Vladimir Poutine », art. cit.
« La droite française est devenue l’agent d’influence de Vladimir Poutine », art. cit.
[54] Jacques Sapir, « Mistral Perdant », 3
septembre 2014, http://russeurope.hypotheses.org/2772. Marie Mendras, « Position.
Défendre l'Ukraine », Esprit, 2014/12, décembre, p. 8.
[55] On se souvient de l’engagement de BHL pour
une intervention en Libye contre Kadhafi (http://laregledujeu.org/2011/03/24/5200/sarkozy-kadhafi-la-libye-et-bernard-henri-levy/).
Après l’attentat contre Charlie Hebdo, Jacques Sapir parle de « la
France terre d’adoption devenue patrie et pour laquelle (...) sont morts »
des soldats d’origine étrangère (« Les leçons d’un massacre », 8
janvier 2015, http://russeurope.hypotheses.org/3253).
[56] Serhiï Kvit, ministre de l’Éducation, est un
ancien membre de Tryzub im. S. Bandery, (le Trident – Bandera) où il
cotoyait Dmytro Iaroch, le fondateur de Pravy Sektor, dont il est toujours
proche (http://en.wikipedia.org/wiki/Serhiy_Kvit).
[57] Voir http://korrespondent.net/ukraine/events/3473518-v-kramatorske-zhenschyny-vyshly-na-mytynh-protyv-mobylyzatsyy
(vidéo) ; https://www.facebook.com/dmitry.tymchuk/posts/624349777693681
(en russe). Hélène Prudhon, « Les mères de soldats russes démentent par
les faits la version du Kremlin », Le Monde, 4 septembre 2014 ;
Veronika Dorman, « En Russie, une guerre ‘‘qui n’existe pas’’ », Libération,
5 février 2015.
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