Avec Catherine, Denis Berger et Patrick, compagnon de Catherine, nous avions coutume, chaque mois, de dîner ensemble le vendredi dans un restaurant du quartier Mouffetard, où Catherine demeurait. Le patron était membre du MRAP dont Catherine était la trésorière. Sous forme d’ironie – Denis Berger, mon compagnon, décédé en 2013, en avait le secret –, nous appelions ces rencontres « les vendredis prolétariens ». Le restaurant était bon et les prix étaient alors accessibles.
Catherine, militante de toutes les causes en faveur des exclus et des dominés de toutes couleurs et de tous genres, s’était fixée comme objectif de nous faire rencontrer des personnes de sa connaissance dignes de confiance et dont l’esprit critique était suffisamment exercé pour que nous puissions débattre du monde tel qu’il va mal. Catherine donc, avait choisi, ce soir-là, de nous présenter Nicolas Offenstadt, dont la mère était une amie d’enfance !
L’article 4 d’un projet de loi, relatif aux aspects positifs de la colonisation, était alors en débat. Immédiatement ou presque nous étions sur une longueur d’onde identique. Ainsi le jour même nous décidions le principe d’un comité sur les mauvais usages de l’histoire. Nicolas m’invita à faire appel à Gérard Noiriel avec qui il travaillait dans la revue Genèses. Je connaissais bien Gérard ayant eu la même directrice de thèse, Madeleine Rebérioux. Rendez-vous fut pris dans un café près du Luxembourg où nous décidâmes la constitution d’un collectif contre l’instrumentalisation politique de l’histoire. Chacun d’entre nous sollicita les collègues et amis susceptibles de poser le même regard critique sur un usage délétère de l’histoire et après maints échanges entre nous, une première rencontre eu lieu à l’EHESS en mai 2005. Le manifeste et l’association furent débattus et le texte mis au point, le sigle choisi, nous fîmes connaître l’association. Très vite le groupe se renforça et une première rencontre publique se déroula à La Sorbonne en juin, le débat fut filmé par un ami, Marcel Rodriguez. Nous y retrouvâmes Catherine en spectatrice attentive et… critique.
Michèle Riot-Sarcey
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