lundi 10 avril 2017

Le CVUH réagit : Brighelli et la fabrique du cuistre

Suite à la chronique de J.-P. Brighelli publiée dans Le Point du 28  mars 2017, le CVUH a souhaité s'associer au collectif Aggiornamento par la déclaration suivante : 

La haine qui suinte de certains collègues et entache les commentaires tenus en principe par des scientifiques compétents, voire « agrégés », ce qui devrait impliquer rigueur et mesure, nous afflige. Il n’y a pas d’autre mot. Comment prétendre que l’ouvrage de Suzanne Citron n’est qu’une «  étude qui plaide pour une déconstruction du récit national » : c’est un ouvrage d’histoire qui décortique, avec le sérieux exigé d’une analyse critique des sources, comment le « récit national » procède d’une construction de la fin du XIXe siècle : c’est effectivement (et tous les historiens sérieux le savent) une construction datée et explicable à l’époque puisqu’il s’agissait de promouvoir l’existence, durable pour la première fois de notre histoire, de la République. Comment oser alléguer que le travail serait irrecevable parce que écrit par une historienne par ailleurs socialiste, qui a « alimenté de ses chroniques Le Monde et Libé » : c’est interdit par la loi que d’avoir, comme tout un chacun, des idées politiques ? On n’a le droit que d’alimenter une chronique au Point ou à l’Express ? Est-ce une manifestation d’absence de rigueur scientifique que de ne pas avoir les mêmes opinions que l’auteur de ces lignes péjoratives ? Une publication historienne peut être sérieuse, c’est à dire rigoureuse dans ses sources et son argumentation, et engagée au meilleur sens du terme. Les travaux d’histoire ne sont pas des recueils factuels mais bien des invitations à réfléchir de façon critique. Toute science sociale peut être discutée à ce titre, mais à condition de le faire de façon rigoureuse, honnête, démontrée, donc non injurieuse.
 
Ainsi, parler du travail scientifique de Laurence De Cock comme « ce qui lui a tenu lieu de thèse de doctorat » alors qu’elle a reçu les félicitations d’un jury hautement spécialisé, confirmé par les instances qui l’ont qualifiée doublement pour exercer son métier à l’université, est une injure. Ce jury est qualifié de « complice », ce qui relève de la diffamation – triple diffamation, à l’égard de la thèse, à l’égard du jury, à l’égard des commissions de qualification. Dans un hebdomadaire supposé sérieux, c’est déplorable. En sus, personnaliser à ce point une collègue en affirmant qu’elle ne représente « qu'elle-même et les pédagocrates » est absurde, puisque Laurence De Cock parle effectivement au nom de nombreux collègues, notamment membres du CVUH fondé depuis 2005 à l’initiative de Gérard Noiriel, directeur d’études à l’EHESS, et de Michèle Riot-Sarcey, professeure émérite réputée spécialiste du XIXe siècle.
Ce que nous ne comprenons pas, c’est comment il est possible qu’un journal raisonnable publie de telles bêtises écrites de façon aussi vulgaire.

Le CVUH

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