Suite à la chronique de J.-P. Brighelli publiée dans Le Point du 28 mars 2017, le CVUH a souhaité s'associer au collectif Aggiornamento par la déclaration suivante :
La
haine qui suinte de certains collègues et entache les commentaires
tenus en principe par des scientifiques
compétents, voire
« agrégés », ce qui devrait impliquer rigueur et
mesure, nous afflige. Il n’y a pas d’autre mot. Comment prétendre
que l’ouvrage de Suzanne Citron n’est qu’une
« étude qui plaide
pour une déconstruction du récit national » :
c’est un ouvrage d’histoire qui décortique, avec le sérieux
exigé d’une analyse critique des sources, comment le « récit
national » procède d’une construction de la fin du XIXe
siècle : c’est effectivement (et tous les historiens sérieux
le savent) une construction datée et explicable à l’époque
puisqu’il s’agissait de promouvoir l’existence, durable pour la
première fois de notre histoire, de la République. Comment oser
alléguer que le travail serait irrecevable parce que écrit par une
historienne par
ailleurs
socialiste, qui a « alimenté de ses chroniques Le
Monde et Libé » :
c’est interdit par la loi que d’avoir, comme tout un chacun, des
idées politiques ? On n’a le droit que d’alimenter une
chronique au Point ou
à l’Express ?
Est-ce une manifestation d’absence de rigueur scientifique que de
ne pas avoir les mêmes opinions que l’auteur de ces lignes
péjoratives ? Une
publication historienne peut être sérieuse, c’est à dire
rigoureuse dans ses sources
et son argumentation, et engagée
au meilleur sens du terme. Les travaux d’histoire ne sont pas des
recueils factuels mais bien des invitations à réfléchir de façon
critique. Toute science sociale peut être discutée à ce titre,
mais à condition de le faire de façon rigoureuse, honnête,
démontrée, donc non injurieuse.
Ainsi,
parler du travail
scientifique de Laurence De Cock comme
« ce qui lui a tenu lieu de thèse de doctorat »
alors qu’elle a reçu les félicitations d’un jury hautement
spécialisé, confirmé par les instances qui l’ont qualifiée
doublement pour exercer son métier à l’université, est une
injure. Ce jury est qualifié de « complice », ce qui
relève de la diffamation – triple diffamation, à l’égard de la
thèse, à l’égard du jury, à l’égard des commissions de
qualification. Dans un hebdomadaire supposé sérieux, c’est
déplorable. En sus, personnaliser à ce point une collègue en
affirmant qu’elle ne représente « qu'elle-même et les
pédagocrates » est absurde, puisque Laurence De
Cock parle
effectivement au nom de nombreux collègues, notamment membres du
CVUH fondé depuis 2005 à l’initiative de Gérard Noiriel,
directeur d’études à l’EHESS, et de Michèle Riot-Sarcey,
professeure émérite réputée spécialiste du XIXe siècle.
Ce
que nous ne comprenons pas, c’est comment il est possible qu’un
journal raisonnable publie de telles bêtises écrites de façon
aussi vulgaire.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire