mardi 17 décembre 2013

Le vrai visage de Robespierre par Guillaume Mazeau

L'un des manuscrits de Robespierre, racheté en 2011,
Essai sur le bonheur, 1792.
(photo@VServat)

Il n’en finit pas de faire le buzz. Un peu plus de deux ans après la mise en vente de manuscrits inédits de Robespierre, des spécialistes de la reconstruction faciale en 3D viennent d’annoncer avoir reconstitué le « vrai visage » de celui qui, dans la mémoire nationale, incarne toujours le sanglant dictateur de la « Terreur ». Massivement diffusé depuis quelques jours à l’occasion d’une grande opération médiatique, le visage numérique s’offre au regard des Français, invités à enfin juger par eux-mêmes, d’un coup d’œil, de la « vraie nature » de l’Incorruptible. En théorie parée de toutes les garanties scientifiques, l’équipe de Philippe Froesch, déjà responsable de la reconstruction du visage d’Henri IV, inspire spontanément confiance et laisse croire qu’il est possible, grâce à la technique numérique la plus pointue, d’accéder à une réalité du passé jusqu’ici cachée.


Reconstitution 3D du visage de Robespierre, telle qu'elle circule
depuis quelques jours dans les médias.


Pourtant, de nombreuses raisons nous incitent à garder la tête froide devant cette « découverte scientifique ». Ce visage a été reconstitué à partir d'une copie d’un masque mortuaire moulé par madame Tussaud, dont l’authenticité a depuis longtemps été mise en cause ou rejetée. A la fin du 18e siècle, les vrais, les copies et les faux moulages pullulaient d’ailleurs dans toute l’Europe tant ils étaient une source de profit, jusqu’à se confondre, rendant leur authentification aujourd’hui extrêmement difficile. D’autre part, le visage ici dévoilé est bien surprenant : ni l’épaisseur des traits, ni la largeur de l’ossature, ni la profondeur des marques de la petite vérole ne correspondent avec l’extrême majorité des dizaines de descriptions, de dessins, de gravures, de peintures ou de sculptures dont nous disposons  depuis très longtemps et qui évoquent, au contraire, un visage plutôt longiligne voire anguleux et légèrement ponctué de trous. De ce point de vue ce visage en 3D, décrit avec horreur dans les commentaires laissés sur internet, s'inscrit clairement dans une iconographie monstrueuse de Robespierre.


Ainsi, malgré le battage médiatique, l’intérêt historique de cette modélisation numérique a toutes les chances d’être bien faible… sauf si l’on s’intéresse aux fantasmes que cette figure continue d’inspirer : « Lorsque j'ai ouvert les yeux de Robespierre, son regard était glaçant, inquiétant. Pas de doutes cet homme faisait peur », explique Philippe Froesch dans Le Parisien du 13 décembre. On ne saurait mieux avouer que des procédés de moulage de la fin du 18e siècle à la biométrie actuelle, les techniques les plus sophistiquées des époques successives restent discrètement et puissamment guidées par les imaginaires politiques et sociaux que charrient les individus qui les utilisent. C’est d’ailleurs ici que se situe probablement le plus grand intérêt de cette vraie fausse découverte : montrer à quel point, plus de deux siècles après sa mort, la figure de Robespierre reste une source d’erreurs historiques et de fantasmes négatifs dans l'imaginaire collectif.


Guillaume Mazeau, historien, Institut d’Histoire de la Révolution française.





lundi 18 novembre 2013

Journée d'étude - Samedi 7 décembre 2013 : les usages socio-politiques de la catégorie de génocide.

Le 7 décembre 2013,

au centre Mahler
 -Université de Paris I, 9 rue Mahler, Paris IV°, Métro St Paul -

 accueillera une nouvelle journée d'études initiée par le CVUH sur 

Les usages socio-politiques de la catégorie de génocide.


L'entrée est libre et gratuite, chacun(e) peut venir y assister en totalité ou en partie. Nous vous attendons nombreux à partir de 9h15.

Photos des victimes du génocide Tutsie au Rwanda, Kigali 2004 (R. Sigheti/Reuters)


La catégorie de génocide est une notion juridique et scientifique qui fait l’objet de nombreux débats et polémiques dans le monde contemporain. Forgé par le juriste Raphaël Lemkin en 1944, ce terme est aujourd’hui devenu très fréquent, au point que son usage est au cœur de discussions et de conflits, aussi bien dans l’espace public (tel événement du passé peut-il être qualifié de génocide ?), que dans l’espace savant de l’écriture de l’histoire. 

Utilisé à l’origine pour désigner le crime perpétré par les nazis à l’égard des juifs et des tsiganes, il est devenu central dans la dénomination d’événements historiques auparavant appelés « massacres », et dans l’acquisition d’une stature internationale pour ces événements. Un certain nombre de termes dérivés sont même apparus, comme ethnocide, ou génocide culturel, manifestant de nombreuses projections émotionnelles et morales collectives. 

Face à la multiplication des discours convoquant cette catégorie, on peut distinguer la question de la qualification génocidaire au niveau scientifique et juridique, de celle de ses usages dans l’espace social. A partir des formes variées de la mobilisation des savoirs historiques, cette journée d’études interrogera les différents contextes et les problèmes posés par les instrumentalisations publiques du mot génocide, dont les usages soulignent des enjeux complexes, au croisement de logiques aussi bien scientifiques que politiques, institutionnelles qu’affectives.



*** Programme de la  journée ***

9h30-10h00 :
Quels génocides et quels usages ? Réflexions préliminaires 
Par Jacques Semelin (CNRS-IEP)


10h15-10h45 :
Notions de droit international : définition des éléments constitutifs du chef d'accusation de génocide 
Par Yann Jurovics  (Université de Picardie)

11h00-11h15 : pause


11h15 -11h45 :
De la question du génocide des populations autochtones d'Amérique du nord et de son utilisation aux États-Unis et au Canada 1992-2012.
Par Nelcya Delanoë (Professeur honoraire des Universités)


12h00-12h30 :
La catégorie génocide dans la mémorialisation de la traite négrière : élément d'une mise en controverse des discours sur le passé.
Par Sébastien Ledoux (Université de Paris I)


13h15-14h30 : pause déjeuner.


14h30 -15h00 :
Génocides en Afrique : les embarras de définition. L'exemple du Burundi et du Rwanda de 1964 à 1994. 
Par Jean-Pierre Chrétien (CNRS)


15h45 – 16h15 :
Génocide en Vendée ? Ou le problème posé par la question : de la nécessité de tenir compte de tous les usages de l'histoire.
Par Jean-Clément Martin (Université de Paris I)


16h30-17h00 :
Homocauste : de l’usage du génocide dans la construction identitaire et mémorielle des homosexuels français.
Par Mickaël Bertrand (Enseignant à Dijon)





samedi 7 septembre 2013

Les rendez-vous de l'automne du CVUH.

Le CVUH est heureux de vous proposer deux rendez vous cet automne.



- Le premier aura lieu au salon du livre de la fête de L'Humanité autour du dernier volume de la collection Passé-Présent chez Agone, écrit par C. Darmengeat et intitulé Conversation sur l'origine des inégalités.





Christophe Darmengeat, l'auteur et Blaise Dufal vous donnent rendez vous 

DIMANCHE 15 SEPTEMBRE DE 10h à 10H30

au salon du livre pour une rencontre-débat.




- Le deuxième rendez vous aura lieu dans le cadre des Rendez vous de l'Histoire de Blois, autour du livre Les historiens de garde d'A. Chery, W. Blanc, et C. Naudin publié aux éditions Inculte. 



Les auteurs, ainsi qu'Anne Jollet (vice-présidente de l'association), Marie-Carmen Rodriguez et Charles Heimberg, membres du CVUH, vous attendent :

SAMEDI 12 OCTOBRE DE 9h30 à 11h 

Salle Lavoisier, Conseil Général 

pour une rencontre-débat.


dimanche 18 août 2013

Colloque sur les usages publics de l'histoire en Grèce du 30 août au 1er Septembre 2013

Le CVUH tient à relayer en France l'annonce de la tenue de cet important colloque sur les usages publics de l'histoire en Grèce qui se tiendra prochainement, du vendredi 30 août au dimanche 1er septembre. Le programme détaillé des tables rondes, contributions et thématiques abordées est reproduit ci-dessous.





NETWORK FOR THE STUDY OF CIVIL WARS ● UNIVERSITY OF MACEDONIA ● 
NGO CITIZENS FOR KNOWLEDGE ● 
INTERNATIONAL FEDERATION FOR PUBLIC HISTORY 

 USES AND ABUSES OF HISTORY: PUBLIC HISTORY IN GREECE 


Municipality of Volos, Conference Hall 
August 30th – September 1st 2013 

Friday August 30th 

11:30 Opening – Welcome

Opening Lecture : 

12:00 - 12:30

Serge Noiret (European University Institute, IFPH), From Local to Global: The History and Internationalisation of Public History 

12.30-14.00 Session Ι: Internet and Public History 

Chairman: Andreas Andreou (University of Western Macedonia)


  • Maria Bontila (PhD in History), Internet adventures of Public History: A case study 
  • Dimitris Bilalis (University of Thessaly), The nation, the parasite and the virus. Aspects of historical culture in the Greek web 
  • Xenia Eleftheriou (PhD candidate, Aristotle University of Thessaloniki), Public History as a conflictual issue: The Holocaust of Greek Jews in the Internet

Lunch Break 

Lecture 

16:30 - 17.00

Simon Prince (Canterbury University), «No Lack of Ghosts»: The Failure to Address the Past in Northern Ireland 

17.00 - 18:30

Session IΙ: Historiography and Public History 

Chairman: Polymeris Voglis (University of Thessaly)

  • Stratos Dordanas (University of Macedonia), Goldhagen, the “New Wave” and the “Dialogues about History”: Aspects and terms of Public History in Germany and in Greece 
  • Elli Lemonidou (University of Patras), Public History: The international experience and the Greek paradigm 
  • Tasoula Vervenioti (PhD in History), Groups of oral history. Between public and academic history

19.00-20.00

Keynote Lecture

Dirk Moses (European University Institute), How and Why the Use and Abuse of History is Inescapable, Inevitable and Invaluable for Public Life 

20.00-21.30

Session ΙΙΙ: Testimonies, Oral History and Public History 

Chairwoman: Afroditi Athanasopoulou (University of Cyprus)

  • Ifigeneia Vamvakidou (University of Western Macedonia) – Andromachi Solaki (historian) – Athanasios Tsiglopoulos (pre-school teacher), Oral history and memories in the Lofoi of Florina 
  • Vassilis Dalkavoukis (Democritus University of Thrace) – Katerina Tsekou (PhD in History), Building Public History in the space. The case of the monuments of Komotini 
  • Andreas Andreou (University of Western Macedonia) – Kostas Kasvikis (University of Western Macedonia), Thessaloniki - Bitola: Public versions of Macedonian history in two statues of King Philip II


Saturday August 31st

9:00 - 11:00 Session IV: Literature and Public History I

Chairman: Nikos Marantzidis (University of Macedonia)

  • Giorgos Kokkinos (University of the Aegean) – Panagiotis Kimourtzis (University of the Aegean) – Maria Matousi (PhD candidate, University of the Aegean), History and literature: Caresses, slaps and the Slap-tree by Aris Maragkopoulos  
  • Nikos Kokkomelis (PhD candidate, Université Paris Sorbonne - Paris IV), From witnesses to “heirs”: A new kind of narrative? The current Holocaust literature between history and fiction 
  • Anastasia Mitsopoulou (PhD in History), First World War: The memory in Greek literature 
  • Lena Divani (National and Kapodistrian University of Athens), When literature opens space for the history of the minorities: The Silver-grass is Blossoming by V. Gkourogiannis and the Calumny of Blood by V. Boutos

11:30 - 14:00  Session V: Literature and Public History ΙΙ

Chairwoman: Lena Divani (National and Kapodistrian University of Athens)

  • Afroditi Athanasopoulou (University of Cyprus), Cyprus between “mother Greece” and “stepmother England”: Writers’ attestations 
  • Alexandros Bazoukis (Cyprus Pedagogical Institute), The contribution of Greek writers and intellectuals in the dialogue about the history and “fates” of Hellenism in the post-war period 
  • Iakovos Anyfantakis (PhD candidate, Panteion University), From the “politics of violence” to the “political violence”: Representations of fratricidal violence in the post-war literary production 
  • Elena Davlamanou (teacher, NGO Citizens in Knowledge), Approaching the historical novel for children 

Lunch Break 


16.30 - 18:30 Session VΙ: Memory and Public History 

Chairman: Panagiotis Kimourtzis (University of the Aegean)

  • Anna-Maria Droumpouki (PhD Candidate, National and Kapodistrian University of Athens), Greeks as the “new Jews”: The update version of Occupation in crisis-struck Greece 
  • Elena Striftompola (historian), Lessons of Public History by the Greek Parliament: The case of the law 1285/1982, “On the recognition of the National Resistance of the Greek population against the occupation troops, 1941-1944” 
  • Giorgos Antoniou (International Hellenic University) – Eleni Paschaloudi (PhD in Balkan, Slavic and Oriental Studies), Damnatio Memoriae: The 1940s during the 1980s 
  • Gavrilis Lampatos (PhD Candidate, University of the Aegean), Early forms of public history in the 1960s

PARALLEL SESSION

16.30 - 18.30 Session VIΙ: Press and Public History

Chairman: Spyros Kakouriotis (journalist)

  • Ilias G. Skoulidas (Technological Institute of Epirus), Continuities and discontinuities of the narratives about a “neighbor”: The Greek press and the Albanians in the post-Cold War period 
  • Georgia Sarikoudi (PhD candidate, Aristotle University of Thessaloniki), The personal narrations of Greek fugitives in Czechoslovakia in the pages of Agonistis 
  • Konstantinos Katsanos (PhD in History), The public negotiation of the Macedonian issue in the years between the end of the Civil War and the Military Junta 


19:00 - 21:30 Session VIIΙ: Cinema, Theatre and Public History 

Chairman: Nikos Demertzis (National and Kapodistrian University of Athens)

  • Giorgos Andritsos (PhD in History), Persecutions of Greek Jews in the Greek fiction films from 1945 to 1981 
  • Thanassis Vasileiou (PhD in Studies on Cinematography), Days of ’36 [1972] by Theo Angelopoulos: History as a cinematographic form 
  • Stavroula Mavrogeni (University of Western Macedonia), Filmic production about the Greek Civil War in Yugoslavia/FYROM 
  • Giorgos Mouratidis (anthropologist), The Right, the Left and Mr. Pantelis: The events of December 1944 on the scene of popular theatre 
  • Christos Dermentzopoulos (University of Ioannina), Popular culture, public dialogue and national identity, on the occasion of the projection of the film Parthenon by Costa Gavras in the New Acropolis Museum 


PARALLEL SESSION 

19:00 - 21:00 Session IΧ: Education and Public History Ι 

Chairman: Dimitris Bilalis (University of Thessaly)

  • Despina Karakatsani (University of Peloponnese), Pavlina Nikolopoulou (PhD Candidate, University of Peloponnese), Photo images, memory and history. Depictions and readings in the history of education 
  • Vassiliki Sakka (PhD in Education of Adults), “Approaching the past critically”: in search for visual, media and historical literacy. Production of a historical documentary from students. Public History and school 
  • Kostas Kasvikis (University of Western Macedonia), The “other” past: Public uses of archaeology in official and unofficial education Georgia Kipouropoulou (PhD Candidate, University of Western Macedonia), A comparative examination of two history textbooks

Sunday September 1st 

9:30-11:00 Session Χ: Education and Public History ΙΙ 

Chairman: Giorgos Antoniou (International Hellenic University)


  • Haris Athanasiadis (University of Ioannina), “National-populists” against “national-nihilists”: The public debate about the history textbook for the sixth class of elementary school In modern and recent times (2006-07) 
  • Vaggelis Tsianakas (PhD in Pedagogics), Turkish Rule and Hellenism in Greek and Turkish history textbooks: The two sides of the same coin 
  •  Zeta Papandreou (PhD in History Didactics), The massacre of Distomo: Η σφαγή του Διστόμου: Research approach of a traumatic and disputed historical event 


11:30- 13:00 Roundtable Discussion 

Giorgos Kokkinos, Nikos Marantzidis, Andreas Andreou, Nikos Demertzis, Lena Divani, Dimitris Bilalis, Elli Lemonidou

Scientific and organizing committee 

Andreas Andreou (University of Western Macedonia), Giorgos Antoniou (International Hellenic University), Nikos Demertzis (National and Kapodistrian University of Athens), Spyros Kakouriotis (journalist), Giorgos Kokkinos (University of the Aegean), Elli Lemonidou (University of Patras), Nikos Marantzidis (University of Macedonia), Zeta Papandreou (PhD in History Didactics), Eleni Paschaloudi (PhD in Balkan, Slavic and Oriental Studies)

Organization: Network for the Study of Civil Wars - University of Macedonia – NGO Citizens for Knowledge - International Federation for Public History

 Printing is sponsored by Epikentro Publishers.

vendredi 12 juillet 2013

Journée d'étude : Vulgariser les savoirs historiques, quels enjeux ? (2)


Le 8 juin 2013, le centre Malher accueillait le CVUH pour une journée d'étude consacrée aux enjeux de la vulgarisation des savoirs historiques.

Nous mettons en ligne des traces photographiques, audio et écrites des différentes interventions dans leur ordre chronologique. 


Les interventions de l'après s'enchaînent sous la présidence de Véronique Servat et se regroupent sous la problématique suivante :

La vulgarisation entre transmission et démocratisation.

1ère contribution :  « Dans l’ombre de Charonne » : quelques réflexions sur la vulgarisation par le récit graphique par Désirée et Alain Frappier, auteurs.



Pour écouter cette intervention, cliquez ici, puis téléchargez le fichier.



2ème contribution Le manuel scolaire, une expérience de vulgarisation 



par Eric Mesnard, professeur d'histoire et de géographie à  l'IUFM de l'académie de Créteil. A participé à la rédaction de manuels : Bordas (cycle 3, collection dirigée par Jean-Marie B.), le livrescolaire.fr (4ème et 3ème), Nathan 2nde et 1ére (coll. Le Quintrec), 
Jean-Marie Baldner, a participé  à des équipes de conception de manuels scolaires et a collaboré à la réalisation de documents pour des musées, des centres d'art, des galeries et des artistes,  
Benoît Falaize, Université de Cergy Pontoise, professeur d'histoire et géographie à l'IUFM de Versailles, a contribué à des ouvrages scolaires de primaire et secondaire.



Pour lire cette intervention, cliquez ici et pour consulter les annexes ici, puis téléchargez les fichiers.



Pour lire cette intervention, cliquez ici, puis téléchargez les fichiers.



3ème contributionUne tentative de vulgarisation sur internet : l'exemple du site histoire-pour-tous.fr" par Christophe Naudin, professeur d’Histoire géographie.



Pour écouter cette intervention, cliquez ici, puis téléchargez le fichier.

mardi 25 juin 2013

Journée d'étude : Vulgariser les savoirs historiques, quels enjeux ? (1)

Le 8 juin 2013, le centre Malher accueillait le CVUH pour une journée d'étude consacrée aux enjeux de la vulgarisation des savoirs historiques.

Nous mettons en ligne des traces photographiques et audio des différentes interventions dans leur ordre chronologique. 

Les interventions de la matinée s'enchaînent sous la présidence bienveillante de Laurence de Cock et se regroupent sous la problématique suivante : 

Des savoirs académiques aux savoirs vulgarisés: enjeux glissements, risques. 


1ère contribution : Aux sources de la vulgarisation de l'Histoire en France ? L'école capétienne par William Blanc, doctorant en histoire médiévale.


 Pour écouter cette intervention cliquez ici, puis téléchargez le fichier.



2ème contribution : Nécessité et aléas de la vulgarisation en histoire africaine par Catherine Coquery-Vidrovitch, professeur émérite d'histoire africaine à l'université Paris-Diderot. 


Pour écouter cette intervention cliquez ici, puis téléchargez le fichier.



3ème contribution : En quoi la vulgarisation interroge-t-elle les savoirs constitués ? Réflexion à partir du livre : Conversation sur la naissance des inégalités par Christophe Darmangeat, économiste, Université Paris Diderot. 


Pour écouter cette intervention cliquez ici, puis téléchargez le fichier.


À suivre ....

mercredi 29 mai 2013

Journée d'étude sur "La connaissance du génocide des Arméniens. Les enjeux en France d’une loi de pénalisation.".

Cette journée d'étude s'est déroulée le 27 avril 2013. Nous vous en proposons un compte rendu en images auquel vous pouvez également accéder sur le site de la Ligue des Droits de l'Homme.

Pour accéder aux vidéos cliquez sur la partie concernée.






Ouverture de la journée d'étude par les co-organisateurs
- Le point historiographique sur les massacres des Arméniens et leur qualification, par Raymond Kévorkian
- L'engagement des dreyfusards et des démocrates sur ce sujet et l'importance du premier génocide du XXe siècle par Gilles Manceron et Emmanuel Naquet



Les enjeux en France d'une loi de pénalisation :
- La « loi Gayssot », son historique et les débats qu'elle a suscités, par Danièle Lochak

- Le cas de la proposition de « loi Boyer », par Vincent Duclert

- Retour sur la censure de la « loi Boyer » par le Conseil constitutionnel, par Sévane Garibian



Les enjeux en France d'une loi de pénalisation :

- L'enseignement en France de cette question, par Laurence De Cock 
- Faire connaître au public aujourd'hui le génocide arménien : proposition d'une institution publique d'information et de formation des enseignants, par Pierre Tartakowsky 
- Les enjeux actuels dans la société française et en Turquie, par Michel Marian



- Table ronde.


jeudi 9 mai 2013

Journée d'étude du CVUH, samedi 8 juin 2013 : Vulgariser les savoirs historiques, quels enjeux?




Vulgariser les savoirs historiques, quels enjeux ?


Cette journée est dédiée à Thierry Aprile, notre ami trop tôt disparu, qui, entre autres choses, avait mis la saveur de sa plume au service de la fiction historique pour les enfants.  



La Journée d’étude se tiendra au Centre Mahler, Université de Paris 1 Panthéon Sorbonne, 
9 rue Mahler, Paris 4ème
Métro Saint Paul.

L’accueil des participants débutera à 9h30. La journée est ouverte à tous.



« Vulgarisation » : voilà une notion que d’aucuns considèrent comme très encombrante tant elle véhicule un arrière-goût de simplisme ou de sabotage de la noblesse du savoir académique. Pour autant, la nécessité de rendre accessibles à tous des savoirs produits par la communauté scientifique relève d’une éthique de la recherche qui ne se pense pas enfermée dans sa tour d’ivoire et soumise aux seules règles de la cooptation.
La vulgarisation de l’histoire peut donc s’entendre comme un usage public de l’histoire permettant de produire du bien commun ; elle participe à la ventilation des savoirs et à la construction d’une intelligence collective du passé. En ce sens, la vulgarisation de l’histoire, loin d’être une trahison du savoir savant, pourrait bien apparaître comme une mesure de salubrité démocratique. Soumise à des injonctions de vérité, devant déjouer toute trahison ou instrumentalisation, l’histoire vulgarisée jouit de la liberté créative de la fiction, de l’art, et d’autres multiples lieux dont certains restent encore à inventer.
Pour ne pas la laisser aux mains de faussaires souvent au service de la revitalisation d’idéologies réactionnaires, nous avons souhaité, par cette journée, contribuer à dessiner les contours d’une vulgarisation de l’histoire socialement utile et éthiquement irréprochable.



**** Programme de la Journée ***

Matin : 10h-13h : Des savoirs académiques aux savoirs vulgarisés : enjeux, glissements, risques.

10h : Accueil et Introduction de la journée : Laurence De Cock & Véronique Servat, membres du bureau du CVUH, organisatrices de la journée.

Présidente de séance : Laurence De Cock

- 10h15- 10h40 : Aux sources de la vulgarisation de l'Histoire en France ? L'école capétienne par William Blanc, doctorant en histoire médiévale.

- 10h40- 11h05 : Nécessité et aléas de la vulgarisation en histoire africaine par Catherine Coquery- Vidrovitch, Professeur émérite d’histoire africaine  à l’Université Paris Diderot.

- 11h05-11h30 : Débat avec la salle

11h30-12h00 : café offert

- 12h00-12h25 : En quoi la vulgarisation interroge-t-elle les savoirs constitués ? Réflexions à partir du livre : Conversations sur l'origine des inégalités  par Christophe Darmangeat, économiste, Université Paris Diderot.

Débat avec la salle


***Pause déjeuner***


Après-midi : 14h-17h : La vulgarisation entre transmission et démocratisation

Présidente de séance : Véronique Servat

- 14h- 14h30 : « Dans l’ombre de Charonne » : quelques réflexions sur la vulgarisation par le récit graphique par Désirée et Alain Frappier, auteurs.

- 14h30-15h15 : Le manuel scolaire, une expérience de vulgarisation par Eric Mesnard, professeur d'histoire et de géographie à  l'IUFM de l'académie de Créteil. A participé à la rédaction de manuels : Bordas (cycle 3, collection dirigée par Jean-Marie B.), le livrescolaire.fr (4ème et 3ème), Nathan 2nde et 1ére (coll. Le Quintrec), Jean-Marie Baldner, a participé  à des équipes de conception de manuels scolaires et a collaboré à la réalisation de documents pour des musées, des centres d'art, des galeries et des artistes,  Benoît Falaize, Université de Cergy Pontoise, professeur d'histoire et géographie à l'IUFM de Versailles, a contribué à des ouvrages scolaires de primaire et secondaire.

- 15h15-16h00 : Débat avec la salle

16h00-16h15 : café

- 16h15-16h40 : Une tentative de vulgarisation sur internet : l'exemple du site histoire-pour-tous.fr" par Christophe Naudin, professeur d’Histoire géographie.
Débat avec la salle


*** Clôture de la Journée ***




samedi 13 avril 2013

Enjeux d’une écriture historienne du devoir de mémoire (1) par Sébastien Ledoux.




(1) Ce texte est une version modifiée de l’article « Écrire une histoire du devoir de mémoire », paru dans la revue Le Débat (170), mai-aout 2012, p. 175-185.





Écrire aujourd’hui une histoire du devoir de mémoire revient à questionner la production et la circulation d’une nouvelle formule, entrée en France dans le vocabulaire courant, comme dans le langage officiel, depuis les années 1990[2]. Un tel projet scientifique suppose de prendre au sérieux cette formule, devenue un lieu commun largement décrié, en interrogeant ses fonctions sociales de manière à en faire un véritable objet d’histoire.

Partons du champ disciplinaire auquel se rattache cet objet. La discipline historique s’est trouvée concernée de très près par l’expression devoir de mémoire. L’aspect le plus visible de cette relation a constitué une dispute, au sens étymologique du terme, engageant nombre d’historiens qui ont, à cette occasion, débattu publiquement de leur rôle social, de leur identité comme de l’épistémologie de leur discipline. L’objet d’étude mobilisé n’est donc pas neutre, loin s’en faut, dans le milieu même où il est étudié.
Dans un souci de distinction, de multiples historiens ont pris position contre l’expression devoir de mémoire au cours de ces quinze dernières années : d’Henry Rousso qui fustige dès 1994 une « injonction à la mode[3] » à Annette Wieviorka, récemment, pour qui cette expression « ne recouvre rien du tout, car la mémoire n’est pas un devoir[4] ». Elle est utilisée aussi bien comme une contre-référence qui permet aux historiens d’affirmer la vocation scientifique de leur identité professionnelle. L’action juridique d’associations menée à l’encontre d’historiens pour contestation de crimes contre l’humanité, tels Bernard Lewis en 1993 au sujet du génocide arménien ou Olivier Pétré-Grenouilleau en 2005 pour les traites négrières, n’a fait que renforcer ce positionnement désormais pourvu d’une expression officielle, avec la création de l’association Liberté pour l’histoire en décembre 2005[5]. Ce lourd « héritage », pour entreprendre une recherche en histoire sur le devoir de mémoire, nécessite une clarification vis-à-vis de son affiliation disciplinaire.
Le problème n’est pas d’opposer ou d’adhérer, mais de considérer les débats publics autour du « devoir de mémoire », comme eux-mêmes objet de recherche. Il ne s’agit pas d’entrer dans une nouvelle discussion sur les méfaits d’une telle injonction pour la société en général, et pour la pratique historienne en particulier qui se serait retrouver « court-circuitée » par l’imposition d’une telle notion. C’est le risque que Paul Ricœur entrevoyait dans l’impératif ainsi formulé, qu’il considérait par ailleurs à la fois comme souhaitable, en tant que porteur d’un « projet de justice », et « lourd d’équivoque[6] ». Une telle recherche ne peut donc relever d’un « devoir d’histoire », expression antonyme apparue sous la plume d’historiens à partir de la seconde moitié des années 1990, et ce en réaction contre les usages alors de plus en plus institutionnels et médiatiques du devoir de mémoire. L’historien Antoine Prost, par exemple, concluait ainsi ses Leçons sur l’histoire en 1996 : « On fait valoir sans cesse le devoir de mémoire : mais rappeler un événement ne sert à rien, même pas à éviter qu’il ne se reproduise, si on ne l’explique pas […]. Si nous voulons être les acteurs responsables de notre propre avenir, nous avons d’abord un devoir d’histoire[7]. » La démarche ne s’inscrit pas non plus dans le prolongement d’une réflexion épistémologique centrée sur la distinction nécessaire entre histoire et mémoire qui a largement dominé la discipline historique depuis trente ans[8]. Écrire une histoire du devoir de mémoire conduit en revanche à relever les pratiques sociales et « une utilisation stratégique[9] » de la mémoire par des historiens, sur une période qui a vu celles-ci considérablement évoluer[10], en partie induites justement par le contexte social d’un « moment-mémoire ». Or, fait a priori paradoxal dans le cadre de cette distinction entre histoire et mémoire de plus en plus revendiquée par les historiens eux-mêmes, leurs travaux se sont développés également dans des dispositifs institutionnels créés en fonction du devoir de mémoire : musées, mémoriaux, commissions (commissions Rémond ou Mattéoli par exemple), commémorations, procès pour crimes contre l’humanité (Touvier en 1994, Papon en 1998). Les historiens ont été aussi des acteurs sociaux engagés, à titre d’experts, dans des processus de valorisation, d’essentialisation et d’institutionnalisation de la mémoire depuis une trentaine d’années. Retracer l’histoire des usages de cette expression invite ainsi à « en finir avec une certaine naïveté du moment-mémoire », comme le suggérait la sociologue Marie-Claire Lavabre dès 1994[11]. Dans le même sens, cette entreprise conduit à relever « l’ambivalence constitutive[12] » du métier d’historien : transmettre des connaissances, mais aussi construire un rapport spécifique au présent et au passé.
Pour autant, il ne saurait être question d’occuper une position surplombante vis-à-vis d’historiens qui, par définition, vivent et pensent leur objet de recherche dans un cadre social donné. Personne ne peut prétendre échapper à un champ d’intelligibilité du passé nécessairement corrélé à un présent agissant sur lui, son activité étant aussi le « symptôme d’une activité subie[13] ». Ainsi, et à rebours d’une position défensive à l’égard de la mémoire tendant à constituer progressivement le socle identitaire des historiens depuis une quinzaine d’années[14], cette évidence permet de préciser la manière dont il convient d’aborder la mémoire, à savoir dans la polysémie et l’historicité de sa terminologie.

Le terme même de mémoire a une histoire dans le discours social qui est indispensable de retracer, du moins dans sa période la plus récente. Ce terme est devenu, par ses multiples usages métaphoriques, une notion particulièrement vague recouvrant des faits extrêmement divers[15]. Surtout, l’investissement de différents acteurs scientifiques, politiques, médiatiques, culturels pour ce terme s’est produit au même moment, soit au tournant des années 1970-1980. Mémoire a ainsi occupé une nouvelle fonction sociale au cours des années 1980 qui tendrait à le situer dans un véritable « horizon d’attente[16] », à l’échelle à la fois individuelle et collective. C’est là le paradoxe apparent de cette nouvelle forme de notre rapport au passé, qui s’est inscrite notamment dans ce mot de mémoire. Le « moment-mémoire[17] » ne signifie donc pas seulement la prééminence d’une notion, mais également le pouvoir d’un mot, l’usage qui en est fait jusqu’à aujourd’hui signalant avant tout un « usage de son pouvoir, de sa puissance d’action, de sa performativité[18] ». Ce mot a donc progressivement constitué une « formation discursive[19] » qui a vu la production de multiples énoncés autour de lui. Citons quelques exemples de ces figures innombrables surgies au cours de cette décennie et appelées à connaître des fortunes diverses : « lieux de mémoire[20] », « chemins de la mémoire », « politique de mémoire », « ministère de la mémoire », « défense de la mémoire », « procès de la mémoire », « assassins de la mémoire », etc. La formule devoir de mémoire s’inscrit donc dans cette longue liste qui traduit, de la part des contemporains, un nouveau rapport au passé. Ce déplacement sémantique témoigne en l’accentuant du caractère essentialisant que la mémoire commence à revêtir au cours de cette période, et qui l’érige en une entité intrinsèque, au même titre que la liberté ou l’égalité, par exemple.
Or, les travaux des sciences sociales et des neurosciences sur la mémoire viennent contredire et déconstruire ce caractère essentialisant véhiculé par le discours social, et repris la plupart du temps par les historiens. Que ce soit en sociologie, en anthropologie, en psychologie ou en neurosciences, ces recherches actuelles constituent un apport précieux pour les historiens travaillant sur la mémoire. Dans les pays anglo-saxons et en Allemagne, les Memory Studies en plein essor privilégient justement une approche transdisciplinaire de la mémoire. Cette école s’est institutionnalisée depuis peu avec la création de différents centres de recherche travaillant spécifiquement sur cet objet : l’Interdisciplinary Memory Group à la New School for Social Research de New-York, le Center for Interdisciplinary Memory Research dirigé par le psychosociologue Harald Welzer à l’institut d’Essen, ou le Center of Memory Studies fondé par le sociologue Andrew Hoskins à l’Université de Warwick[21]. Or, même si chaque discipline énonce des définitions de la mémoire propres à son champ conceptuel, toutes mettent en exergue le rôle fondamental de l’environnement social dans les mécanismes mémoriels, tant individuels que collectifs. Ce point de convergence démontre une fois encore, après les travaux de Maurice Halbwachs dans la première moitié du XXe siècle[22], que la mémoire n’est pas une faculté obéissant à ses lois invariables. Elle est bien au contraire une construction qui s’élabore conjointement par « effet du passé et effet du présent[23] » dans « l’interpénétration des consciences »[24]. La complexité du fonctionnement de la mémoire, individuelle ou collective, nécessite donc de renoncer à ses usages métaphoriques, et sollicite immanquablement les différents champs disciplinaires qui la prennent pour objet.