mercredi 18 février 2015

Convocation de l'Assemblée Générale Annuelle et compte rendu de la réunion du 14/02.


Le CVUH a le plaisir de vous convier à son

ASSEMBLÉE GÉNÉRALE ANNUELLE

le SAMEDI 14 MARS DE 14H à 17H 

A LA SORBONNE,

entrée 17 rue de la Sorbonne, 
Salle Picard, Escalier C
3ème étage, droite.


Cette Assemblé Générale annuelle est ouverte à tous, adhérents et sympathisants. 
Vous pouvez, à cette occasion adhérer ou renouveler votre adhésion.
Le bulletin d'adhésion est disponible ici.


Compte rendu de la réunion du 14 février 2015 :




Présents : Laurent Colantonio, Blaise Dufal, Aurore Chery, Michèle Riot-Sarcey, Natacha Coquery, Catherine Coquery-Vidrovitch, Sylvie Aprile, Anne Jollet, Olivier Le Troquer, Véronique Servat.

Excusées : Laurence DeCock, Nelcya Delanoë et Fanny Madeline.


Ordre  du jour :
Projets en cours.
Assemblée générale annuelle du 14 mars.
Collection Passé/Présent Agone
Texte de Thierry Aprile.


1. Projets en cours :

- Plusieurs projets permettant de débattre du « modèle républicain », dans une perspective historique; il s’agirait de le questionner dans ses valeurs, son « esprit », sa nature en tant qu’horizon politique. Le projet est porté par Olivier Le Troquer et Sylvie Aprile.

L’association organisera en juin, une soirée-débat au Lieu-Dit rue du Sorbier. Blaise les contacte pour voir quelles sont les disponibilités. La préférence irait pour un jour de fin de semaine. Dates présenties : le vendredi 5 ou le jeudi 4 juin.

Cette soirée-débat trouverait son prolongement dans une journée d’étude. La date envisagée serait le 19/09 (c’est proche de la Fête de l’Humanité dans laquelle le CVUH intervient, mais le format est très différent).

- Le collectif Aggiornamento, en particulier, P. Legris, J. Bocquet et L. DeCock, prévoit un moment de rencontre autour de S. Citron, de ses écrits et travaux. Le principe d’un partenariat et d’une participation financière du CVUH est acté.

- Une autre journée d’étude est envisagée pour le printemps 2016 sur le thème « Les historiens et la justice », dans une perspective internationale et comparée.

- Il est décidé de poursuivre la mise en ligne de vidéos sur le site de l’associattion. Les noms de Michel Vovelle et de Daniel Roche sont évoqués. Le contrat d’Aurore Chery, chargée de réaliser et monter ses entretiens filmés, est reconduit pour mener à bien ces nouveaux projets.



2. Assemblée Générale annuelle du 14 mars, 14h-17h :

- Le président de l’association est démissionnaire. Il faut donc procéder au renouvellement du CA. Les candidat.e.s sont prié.e.s de se faire connaître. La plupart des membres du CA souhaitent poursuivre, c’est donc autour de la succession de L. Colantonio que se noue la question du renouvellement du CA. Il y a également 2 places de membres à pourvoir. 


Les candidats peuvent se faire connaître auprès du secrétaire de l'association : veronique.servat(à)gmail.com


Nous avons eu une longue discussion sur la nécessité de repenser ou de réaffirmer le rôle, l’utilité du CVUH. C’est un projet collectif qui a évolué, certes, mais qui garde une utilité forte dans la sphère universitaire et scolaire, dont le site est une vitrine et une référence. Même si moins de texte y sont publiés, les archives de l’association et son manifeste restent consultables et consultés. Il est envisagé toutefois de compléter le manifeste du CVUH afin de l’actualiser et de le rendre davantage conforme à ce qu’est devenue l’association.


L’Assemblée Générale annuelle se tiendra 

le samedi 14 mars de 14h à 17h 
à la Sorbonne, 
entrée 17 rue de la Sorbonne, salle Picard, 
escalier C, 3ème étage droite.



3. Collection Passé/Présent chez Agone :

La collection du CVUH-Agone Passé-Présent est au point mort depuis plusieurs années. Ses chiffres de vente attestent toutefois de ce qu’elle occupe un créneau – celui de la vulgarisation exigeante – qui a convaincu et su trouver un public.

La question de l’avenir de la collection, les participants ayant des points de vue différents, sera rediscutée début mars avec Philippe Olivera qui sera présent à Paris.


4. Texte de Thierry Aprile :

Le point n’a pas été abordé.

samedi 7 février 2015

La Grande Famine irlandaise : un enjeu de mémoire.

Dublin, mémorial de la Grande Famine,(@Vservat)

La Grande Famine qui touche L'Irlande à partir de 1846 est un évènement majeur de l'histoire de l'île ne serait-ce qu'en raison de son bilan démographique. 

Elle est devenue, dans un pays sensible aux questions mémorielles, un enjeu de mémoire majeur et de controverses historiographiques. Entre une mémoire officielle qui en fait un épisode incontournable du roman national,  le développement d'une thèse génocidaire qui séduit les diasporas, et des mémoires souterraines plus difficilement saisissables, la question mémorielle est réellement complexe. Elle transcende les territoires, les temporalités, et mobilise sans cesse de nouvelles sources.

Spécialiste de l'histoire de l'Irlande au XIXème siècle, Laurent Colantonio,  président du CVUH,  propose, dans cette nouvelle vidéo, une mise au point sur cette question vive majeure. 


La Grande Famine en Irlande un enjeu de mémoire par CVUH



Sujet toujours vif, la question de la Grande Famine en Irlande donne actuellement lieu à un certain nombre de publications, d'autant plus que son étude est proposée aux concours de recrutement des enseignants. Pour explorer plus avant le sujet, un ouvrage récent de référence (en cliquant sur l'image, accédez au sommaire et à la 4ème de couverture de l'ouvrage) :




lundi 2 février 2015

Les impensés de la République.(*)

Un constat s’impose, après ces morts tragiques des 7, 8 et 9 janvier : la violence insoutenable dans bien des pays est entrée dans Paris. Malgré l’immense réaction populaire en faveur de la liberté d’expression, la faille ouverte, invisible jusqu’alors, est à présent béante et ne semble pas prête de se refermer. Mais le CAC 40 se maintient et le marché vit.

Il ne s’agit plus désormais de panser les plaies, ni d’imaginer que la répression puisse calmer les esprits. Ce qui nous importe avant tout, c’est de comprendre pourquoi, l’invocation des valeurs abstraites, universelles, laisse de glace une partie de la population qui ne se sent pas concernée par l’appel au nom de « l’unité nationale ». Tandis que certains craignent pour leur vie, d’autres disent vouloir quitter la France.

Les difficultés de l’école semblent révéler la profondeur du mal être d’élèves qui refusent d’obéir aux consignes de rendre hommage aux victimes assassinées. Les mots ne font plus sens et le discours officiel se heurte au mur des malentendus.

De nombreuses questions surgissent au sein de cette République qui, en principe, devrait nous rassembler. Plus personne ne connaît l’histoire conflictuelle dont est issue la « chose publique » censée nous appartenir.

La Liberté, si souvent invoquée, ne saurait se réduire à la liberté d’expression. On est libre quand on est en pouvoir d’exister matériellement, intellectuellement et politiquement. Mais libre, qui l’est ?  Dans un monde où la reconnaissance sociale passe par la quantité d’argent accumulée à n’importe quel prix, où l’ambition personnelle prime sur la nécessité du vivre ensemble.

Quant à la démocratie, jamais réellement appliquée, on a oublié qu’elle signifiait, à l’origine de sa mise en œuvre, la souveraineté populaire, c’est-à-dire la souveraineté de tous et de chacun, sans distinction de race, de sexe et de religion comme l’affirmait il y a bien longtemps Condorcet. Réduite à une forme de démocratie parlementaire sélective, tout juste représentative, elle se résume le plus souvent à une délégation de pouvoir.


La crise que nous vivons aujourd’hui, et qui ne cesse de s’étendre, nous plonge brusquement dans une réalité contournée par la plupart des partis politiques qui sont obsédés par les échéances électorales. Rien ou presque n’a été fait depuis l’alerte des émeutes de banlieues de 2005. L’ascension du Front National symbolise l’échec des autorités à résoudre les problèmes que cette violence, sans mots, avait dévoilés.

Et pourtant, qu’on le souhaite ou non, il nous faut affronter, aujourd’hui, une double fracture : celle du repli conservateur, intolérant, tétanisé par la peur de l’Autre et celle du retrait dans une communauté fictive où la religion est censée représenter le refuge identitaire.

Parmi les multiples oublis et autres impensés, qu’il serait nécessaire de faire émerger dans le débat démocratique, tentons de saisir, dans l’immensité des questions restées en suspens, quelques-unes qui, faute d’avoir été débattues, dans l’espace public et au sein du milieu scolaire[1], sont remplacées par des rumeurs reprises d’informations inventées, tronquées ou déformées.

En tout premier lieu, la longue histoire de la République devrait être repensée avec la reconnaissance des multiples affrontements à l’issue desquels des catégories entières furent mises à l’écart.  

On a oublié que son apprentissage et sa mise en œuvre laissa de côté les femmes, les étrangers, et une grande partie des ouvriers à l’origine des révolutions du XIXe siècle de 1830 à la Commune de Paris ; tous luttaient alors pour une république vraie, démocratique et sociale. C’est-à-dire pour la concrétisation des principes, liberté, égalité, fraternité.

On a oublié que dans le même temps, et au nom de la République, l’Empire colonial se constituait sur le mode de penser des occidentaux dont la supériorité était affirmée.

On a oublié que l’immigration passée et présente était, qu’on le veuille ou non, porteuse de ce passé et de sa mémoire. Or, malgré ses efforts, la nation républicaine, reste attachée à son passé à travers ses symboles dont le Panthéon représente la quintessence. Nous devrions écouter davantage le rappeur Youssoupha et son slogan « aux Immigrés la patrie non reconnaissante »

On a oublié que des représentants de la République, en donnant les pleins pouvoirs à Pétain, ont permis à la nation française de basculer dans l’antisémitisme officiel, héritier d’une longue lignée de penseurs qui se répandirent impunément en invectives à l’égard de l’autre, le juif. Qu’on se souvienne des insultes infligées à Léon Blum. Notre République, ne l’oublions pas, a donné l’exemple d’un rejet inadmissible et donc inavouable.

On a oublié les multiples propos du précédent chef de l’Etat stigmatisant la population immigrée à travers cette injonction : « la France tu l’aimes ou tu la quittes » ; il feignait d’ignorer comment la France, elle-même, avait enfoui sa haine de l’autre dans les caves de l’histoire. Entre autres exemples : l’enseignement de la guerre d’Algérie se réduisit longtemps à la restitution des « événements » sans mention de guerre encore moins de tortures et nous apprîmes, par ce même chef d’Etat, que l’Afrique, n’avait pas d’histoire !

On a oublié que la transmission de la laïcité et des principes universaux supposait la restitution des conflits et des enjeux dans lesquels les vainqueurs, héritiers des conquérants d’antan et des esclavagistes d’hier, n’étaient pas toujours les représentants des valeurs dont ils se réclamaient. Ce retour vers le passé est d’autant plus nécessaire qu’il nous faut, au présent, revendiquer la liberté de penser et de critiquer les dogmes qui réduisent les individus à des instruments aux mains d’idéologues.


En l’absence d’enseignement d’une véritable posture intellectuelle critique, la seule à même de permettre la reconnaissance et l’intelligibilité d’un passé conflictuel, comment s’étonner des difficultés que rencontrent les enseignants en abordant des sujets considérés désormais sensibles comme la shoah ou la domination des hommes et l’assujettissement des femmes dans les pratiques familiales et religieuses ? Sujets d’actualité pourtant si nous voulons lutter contre ce nouveau fléau qui, au nom de l’Islam, sème la mort dans différents pays, aujourd’hui même.

Comment s’étonner de cette résistance souvent sans paroles, quand dire « je » est devenu impossible et que seul le nous, même fictif, permet de croire qu’on existe ? Comment limiter les échecs scolaires quand, dans certaines écoles des « quartiers », le « nous » communautaire domine et, de ce fait, laisse croire à l’abandon de la République.

Malgré cela il nous importe, de dire et de nommer les choses : distinguer les dogmes des croyances et soumettre à la critique des Lumières les doctrines et les pratiques aliénantes. En un mot, faire que chacun, d’où qu’il vienne, puisse se réapproprier la liberté au sens où l’entendait Sartre. « Que puis-je faire de ce que les autres ont fait de moi ? ».


Michèle Riot-Sarcey, historienne ; Kamel Chabane, professeur d’histoire géographie.



*Ce texte est paru une 1ère fois dans le quotidien l'Humanité le 26 janvier 2015.
[1] Parmi d’autres exceptions notons le travail remarquable effectué par les enseignants du collectif Aggiornamento animé par Laurence de Cock.