Le Manifeste du CVUH

Agone collection Passé et Présent.

La collection Passé & Présent chez Agone compte à ce jour 6 titres :


Christophe Darmangeat, Conversation sur la naissance des inégalités, Agone 2013.


Christophe Darmangeat enseigne l’économie à l’Université Paris 7 Denis Diderot depuis 1992. Au cours de ces dernières années, il a orienté ses recherches vers l’anthropologie sociale.


Les inégalités n’ont pas toujours existé. Plus encore, leur apparition est loin d’avoir partout suivi le même chemin que celui emprunté par l’Europe et les Proche et Moyen-Orient, le plus souvent résumé par le modèle de la « révolution néolithique ». Montrant la volonté de la collection « Passé & Présent » d’élargir son champ chronologique (jusqu’aux périodes les plus anciennes) et au-delà de l’histoire proprement dite (ici, la « préhistoire » et l’ethnologie), cet ouvrage de vulgarisation insiste sur l’importance d’une approche universelle de l’évolution des sociétés dites « primitives ». S’appuyant sur les très nombreux exemples de sociétés étudiées par les ethnologues et les voyageurs alors qu’elles étaient encore vivantes, il montre le cas de sociétés durablement égalitaires ainsi que la variété des chemins empruntés vers l’inégalité.




JL Chappey, B. Gainot, G. Mazeau, F. Régent, P. Serna, Pourquoi faire la révolution, Agone 2012


Par le collectif de l'IHRF : J-L Chappey, Bernard Gainot, Guillaume Mazeau, Frédéric Régent, et Pierre Serna.

Alors que son legs est de plus en plus méconnu ou délibérément ignoré, la Révolution française n’est pourtant pas morte. De Tunis au Caire, de Tripoli à Sana’a, la révolution fait son retour dans l’histoire mondiale. Face au débat public que ces événements ont inspiré, les historiens ne peuvent se contenter d’une position de commentateurs. Les analogies paresseuses et anachroniques
entre révolution et totalitarisme ne convainquent aujourd’hui plus personne. Les temps ont changé et ils invitent à interroger ce phénomène historique qui, à intervalles réguliers, vient rompre le cours du temps pour renverser les puissants et inventer des régimes censés être plus justes pour le plus grand nombre. Il s’agit de regarder la révolution bien en face, avec ce qu’elle charrie de méprises et d’occasions manquées, pour lui redonner sa dimension de laboratoire du politique.

Les auteurs sont membres de l’Institut d’histoire de la Révolution française. Depuis sa fondation en 1937, l’IHRF a pour vocation de former les historiens français et étrangers travaillant sur la période révolutionnaire.




Laurence DeCock, Emmanuelle Picard (dir.), La fabrique scolaire de l'histoire, Agone, 2009.


Préface de Suzanne Citron



Depuis la Révolution française, l’enseignement de l’histoire est associé à la construction d’une « identité nationale ». En prenant la forme d’un récit ethnocentré, l’histoire scolaire devait permettre l’intégration de tous les futurs citoyens de la République, quelles que soient leurs identités originelles, dans un ensemble politique unique.
Aujourd’hui, alors que la période est favorable à la reconnaissance des « identités plurielles », les exclus du roman national réclament l’ajustement des programmes scolaires et critiquent la fabrique scolaire de l’histoire vue comme un instrument de domination.
Le moment est propice pour interroger la manière dont l’histoire scolaire est fabriquée. De fait, l’enseignement de histoire à l’école est le produit d’une chaîne de responsabilités dont il nous faut interroger chacun des maillons : pourquoi et comment apprendre l’histoire, et quelle histoire ? Car c’est une politique du passé qui s’exprime à travers ce montage. Une politique où la question d’une histoire commune et donc de l’universalité est en jeu.

Laurence De Cock est historienne et professeure d’histoire au lycée de Nanterre. Vice-présidente du Comité de Vigilance face aux usages publics de l’histoire (CVUH), elle a notamment co-publié Comment Nicolas Sarkozy écrit l’histoire de France (Agone, 2008) et Mémoires et histoire à l’école de la République (Armand Colin, 2007).
Emmanuelle Picard est historienne au Service histoire de l’éducation (INRP-ENS) et membre du CVUH.



Catherine Coquery Vidrovitch, Enjeux politiques de l’histoire coloniale, Agone, 2009
Notre patrimoine historique « national » doit-il inclure l’histoire de la colonisation et de l’esclavage colonial ? La réponse positive, de bon sens, ne fait pas l’unanimité : soit parce que parler sans tabou du domaine colonial serait « faire repentance », soit parce que l’ignorance ou la négligence entretenues depuis plusieurs générations font qu’il ne vient même pas à l’esprit de beaucoup de nos concitoyens que notre culture nationale héritée n’est pas seulement hexagonale. La culture française (que d’aucuns veulent appeler « identité nationale ») résulte de tous les héritages mêlés dans un passé complexe et cosmopolite où le fait colonial a joué et continue par ricochet de jouer un rôle important.
Professeure émérite d’histoire contemporaine de l’Afrique (université Paris-Diderot), Catherine Coquery-Vidrovitch a notamment fait paraître Des victimes oubliées du nazisme (Le Cherche-Midi, 2007) ; et L’Afrique noire de 1800 à nos jours (avec Henri Moniot, PUF [1999] 2005).


Laurence De Cock, Fanny Madeline, Nicolas Offenstadt, Sophie Wahnich, Comment Nicolas Sarkozy écrit l’histoire de France, Agone, 2008

Guy Môquet, Jaurès, les colonies et tant d’autres… Nicolas Sarkozy en campagne, puis au début de son mandat, n’a cessé d’utiliser et de brandir des références historiques. Cet usage immodéré de l’histoire a alors mobilisé autant de mises en scène grandiloquentes que de discours de filiation destinés à dessiner les contours d’une France mythique du candidat puis du président.
Comment voir clair dans tous ces personnages et événements sans cesse mélangés et associés les uns aux autres en dehors de tout contexte ? Comment comprendre le brouillage de références qui empruntent autant aux grandes figures de la gauche qu’à celles de la droite ? Quels sont les enjeux et les effets politiques de telles constructions historico-politiques ?
Une vingtaine d’historiens ont disséqué les usages que fait de l’histoire Nicolas Sarkozy pour permettre de saisir les mécaniques à l’œuvre dans cette vaste entreprise de reconstruction d’un roman national. Sous la forme d’un dictionnaire, un véritable parcours critique dans l’histoire de France revue et corrigée par une droite qui entend refabriquer de l’« identité nationale »...



Gérard Noiriel, A quoi sert l’identité nationale, Agone, 2007

La question de « l’identité nationale » a été remise au centre de l’actualité politique par Nicolas Sarkozy, pendant la campagne électorale des présidentielles. Devenu chef de l’État, celui-ci a créé un « ministère de l’Immigration et de l’Identité nationale », ce qui est un fait sans précédent dans l’histoire de la République française. Huit historiens ont aussitôt démissionné de la Cité nationale de l’histoire de l’immigration pour protester contre ce ministère, estimant que cet intitulé ne pouvait que conforter les préjugés négatifs à l’égard des immigrés. La pétition qu’ont lancée ces historiens a été signée par plus de 10 000 citoyens en moins d’une semaine, et des universitaires du monde entier se sont associés à cet appel.
Gérard Noiriel explique les raisons de ce mouvement. Il montre que la logique identitaire, née au XIXe siècle, a depuis constamment alimenté les discours nationalistes. Il rappelle que, au cours des années 1980, c’est Jean-Marie Le Pen qui a popularisé, dans l’espace public, l’expression « identité nationale » pour stigmatiser les immigrés. Analysant de façon minutieuse les usages de cette formule dans le discours du candidat Sarkozy, il donne des éléments pour éclairer les nouvelles stratégies aujourd’hui à l’œuvre dans le champ politique.